dimanche 21 avril 2013

Tourista: ça, c'est fait!


Au moment de publier l'article précédent, hier soir, tout s'est éteint. Électricité et batteries. Le noir complet, sauf l'écran de mon ordinateur portable. L'appli lampe de poche de mon iPhone vient au secours de Raju qui tapote cinq minutes sur le tableau général, et la lumière revient. Le iPhone, c'est comme la dupatta indienne: ça sert à un tas de choses.

La nuit qui a suivi fut mouvementée. Indigestion, bien physique, elle.
Tourista: ça, c'est fait!

Mais je crois aussi, overdose d'in(di)gestions de toutes sortes. Depuis le 19 mars dernier, il a fallu digérer un incendie et la perte de tous mes biens, la perte de mes répères, la peur du futur: forcément, un coup pareil, ça secoue. J'ai tenu le coup, mais aujourd'hui, mon système digestif renvoie tout. J'ai tellement voulu ne pas craquer, aller de l'avant, être positive… J'étais tout cela, mais j'ai eu aussi très peur, et je me suis retrouvée à poil à une croisée des chemins.

Déjà là, deux extrêmes. Un chaud cuisant, un froid glacial. Le dénuement total pour une meilleure renaissance.

Il me semble qu'à vivre ce que je vis, l'idéal, désormais, serait de réconcilier les extrêmes en moi. Nous sommes tous très beaux et de très laids. Nous sommes des êtres duels, capables du meilleur et du pire. Aucun ne l'emporte vraiment: quand on croit que le sombre va l'emporter, que nous ne sommes pas capables de plus d'infâmie et que tout est perdu, voilà que la lumière revient et le juste est rétabli. Un ami à moi dit: c'est toujours les gentils qui gagnent à la fin. Il suffit d'aller jusqu'à la fin de l'histoire. Mais ne pourrait-on pas, juste une fois, zapper la case «ombre» pour arriver directement à la lumière?

Et puis à quoi bon continuer cette guerre stérile et vouloir que l'un ou l'autre prenne le dessus? L'issue n'est-elle pas précisément de nous aimer tels que nous sommes: aussi affreux, sales et méchants que beaux, bons et magnifiques? Aimer tout en nous, la violence comme la douceur, la haine comme l'amour. S'aimer sans conditions. La grande réconciliation intérieure…
Qu'adviendrait-il de l'humain si nous y parvenions?

Alors que je pleurniche de malaise, ce matin, dans la chambre d'Emiline, l'estomac retourné par cette indigestion de tout, je dis plein de bêtises en vrac. J'ai mal à cette humanitié indienne, mais aussi celle que rencontre l'ami Jean-Claude qui vit des choses similiaires au Mexique. La misère. Emiline me fait remarquer que si les rues sont sales, les gens pauvres, la misère en Inde n'est pas là, mais dans l'arrangement de la société. Les castes sont encore actives, les gens sont enchaînés par des dogmes anciens dont on ne sait plus la raison d'être, s'il y en a eu une, un jour, qui soit autre que de mettre une population sous le joug. Mais alors, pourquoi ladite population ne le secoue-t-elle, pas ce joug? Où se trouve leur intérêt de vivre ainsi?

Qui tire les ficelles?
En Inde, mais au Mexique, et même en France, et dans n'importe quel pays du monde? À qui profite le système? Mais surtout, la question qui m'intrigue le plus: pourquoi tout le monde s'en fout? Combien de temps encore va-t-on accepter l'inacceptable: celui qui me rend malade aujourd'hui?

Bon, l'estomac vide provoque les grandes questions existentielles. Elle a raison, Emiline: ne pas penser à cela, faire sa part, mettre sa pierre à l'édifice. Agir, ne pas pleurnicher… Elle a besoin de mes talents pour faire une affiche et voilà qui me remet le pied à l'étrier. Allez, ce n'était qu'une crise d'évacuation. Un trop-plein qui déborde. Demain: au travail!

Mais aujourd'hui, c'est dimanche, et partout dans le monde, le dimanche, on peut se laisser aller. Demain est un autre jour.

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