vendredi 31 mai 2013

Pêle-mêle en vrac


Nous avons passé des heures en train, il était temps de les illustrer un peu. Au départ de Jaiselmer pour Dheli: 16 heures de trajet. Il fait minimum 57° sur le quai, un demi-degré de moins à l'ombre. J'exagère? Peut-être...

On peut passer la tête par la porte du train. On peut même descendre se dégourdir les jambes à l'occasion.
Photo prise alors que le train roule!






MARKETING INDIEN

«Pas besoin de Viagra, ceci est un drap de lit magique»

Tongue de Gargantua

(Equation très compliquée et dessous : Désormais, vos enfants peuvent résoudre ceci en quelques secondes.
Enseigne pour vanter les mérites d'un centre d'«accélération du cerveau»

DÉPARTEMENT CRA-CRA

J'avais promis des photos représentant la pire saleté que je puisse trouver, avec le défi que ce soit aussi moche en photo qu'en vrai. Mission non accomplie.

Varanasi

Khadjuraho

Khadjuraho

Khadjuraho

Khadjuraho

Tri écologique du plastique à l'indienne: on balance tout dans un coin de rue. Que fera-t-on quand la rue sera submergée? C'est un problème dont on s'occupera le moment venu, je suppose.
Quand, le matin, les singes viennent galoper et prendre leur élan sur ce tas, pour ensuite s'accrocher au barreau de la fenêtre et grimper jusqu'au toit, ça fait un boucan très particulier et particulièrement désagréable, surtout quand ce sont les heures les plus fraîches de l'aube et le moment du meilleur sommeil. 










jeudi 30 mai 2013

Delhi


Pas de touk touk, non merci, mais le métro de la gare de Old Delhi jusqu'à celle de New Delhi. De là, quelques minutes de marche, l'hôtel est tout proche.

Nous prenons une chambre à l'hôtel Vivek, pile en face de la petite rue où se trouve la «Yes Please guest house», là où j'ai passé ma première nuit indienne, là où Olivier est venu chercher un billet de train que nous avions réservé et fait déposer pour lui.

Etrange différence: cette rue qui m'avait explosé le plexus et l'entendement il y a presque deux mois est une très jolie rue, propre —oui, je jure qu'elle me paraît propre—. Olivier ressent la même chose. Ça y est. Nous sommes habitués, immergés dans l'Inde.

Pas eu envie de retourner à la guest house «Yes Please», je l'avais trouvée vraiment petite, pisseuse et étouffante; et puis peut-être que je n'ai pas envie de changer la mémoire de ma première nuit indienne en voyant la pièce avec un autre état d'esprit. De plus, nous voulons l'air conditionné.

Une sempiternelle fois, marchandage de la chambre avec l'impression de se faire avoir. Pourquoi est-ce que j'ai l'impression que le mec dit en hindi quelque chose du genre: «Va leur faire voir la 203, à 600 roupies, c'est super bien payé, c'est un cooler, ils vont croire que c'est de l'air conditionné».
Un «cooler» est soufflerie qui propulse de l'eau, ça rafraîchit sans faire vraiment descendre la température. La chambre est bof: plutôt petite, pour un prix à peine correct. Je ne dis rien, après tout, ce sont nos deux dernières nuits en Inde, je n'ai pas envie d'être négative. C'est Delhi, une grande ville, les prix y sont sûrement plus chers. J'en ai marre de cet écoeurement mercantile, je décide de l'ignorer.

Nous trouvons un très bon restaurant où, une fois de plus, la cuisine indienne nous ravit. Depuis le début, Olivier ose tester; moi, j'ai toujours peur que ce soit trop épicé. Depuis quelques jours, et après avoir goûté aux plats qu'il commandait, j'ose à mon tour, et je me régale. Tout est toujours dans une même gamme de goût: curry, masala, un peu de feu épicé qu'on calme avec le riz ou le naan (galette de blé), mais les variations en sont subtiles et multiples. À chaque fois, c'est un goût différent et délicieux.

Les boissons sont à tomber! Le lassi (yoghourt) à la mangue dont la pleine saison arrive est suave. (Nous trouvons d'ailleurs sur un étal de marché des mangues «Alfonso» réputées les meilleures. Effectivement.) Nous apprécions tous les deux le fresh lime soda: un citron vert pressé, du sucre et une boisson pétillante légèrement amère genre Schweppes, mais au goût pas aussi prononcé. Ce soir, nous avons expérimenté une boisson au citron et à la menthe. Un parfait mélange de lime, de sucre —vraiment très peu— et de menthe hachée infinitésimalement. C'est vert, c'est tellement bon qu'on en commande un second.

Retour dans la chambre: pas d'électricité. On appelle à l'aide, le monsieur moustachu de l'hôtel arrive, bidouille, passe dans le couloir, remet probablement un fusible qui avait disjoncté, et au revoir merci, non, nous n'avons plus besoin de rien. À peine avons-nous dit cela, TSCHLAFF! court-circuit, tout pète à nouveau. Une flamme a jailli de la prise murale où est branché le cooler, et le mur est noirci de suie. Outch! Un mauvais souvenir récent vibre dans mes cellules. J'aime pô ça!

Le moustachu employé rétablit le courant après avoir débranché la prise et nous dit qu'avec le ventilateur, ça ira très bien. Ah non. Faut pas pousser Mémé… Djà que c'est pas «air conditionné» comme chambre, mais «avec cooler», si on ne peut en avoir l'usage, va falloir faire un discount ou quelque chose. «Discount» est un mot qui les motive à trouver une autre solution, alors Moustachu appelle Jeune-qui-sait-mieux à la resscousse pour réparer. Jeune-qui-semble-gérer-l'électricité bidoulle la prise dans le mur, la prise du cooler, rebranche le tout. Moi, je ne regarde pas et je rumine. Un incendie, ça suffit. Quand il a tout rebranché, je tente un: «are you SURE that…» (vous êtes sûr…?) «YES» péremptorise Jeune-sûr-de-lui. Je me branche sur sa certitude et sur celle d'Olivier qui me rassure, t'inquiète pas, Maman, ça va aller, pas de problèmes. Mine de rien, je rassemble mes affaires pour pouvoir tout attraper d'un coup si des fois… si jamais… Non, je n'ai pas vraiment peur, mais… Au cas z'où, je serai mieux prête que la dernière fois, disons.

On laisse tourner le cooler un moment, on allume la télé, mais les deux font un concours de décibels. Au bout d'un moment, c'est trop assourdissant, on coupe le cooler. Mais ça continue à faire un bruit de fontaine. Pas tout de suite, mais je finis par m'en inquiéter, alors qu'Olivier est sollicité aux toilettes. Je fouine autour de l'appareil et j'aperçois que de l'eau coule derrière l'appareil, je ne sais comment. C'est en train de tapisser le mur d'humidité et je crois comprendre comment le court-jus s'est produit plus tôt. L'eau a dû dégouliner sur le mur, s'infiltrer dans la prise et faire disjoncter.

Mh…. Je n'aime décidément pas ça du tout, j'éteinds tout et je tire la prise. Elle me reste entre les doigts. Jeune-électricien-de-mes-deux l'avait juste assemblée, pas vissée. Probablement pas de vis à disposition. Trop, c'est trop. Je déclare qu'il n'y aura pas de cooler cette nuit, tant pis, parce que c'est officiel, cet appareil me fait peur, et demain, ils vont entendre chanter Carmen! Non mais.

Sauf que…

Pendant la nuit, qui chante Carmen? C'est le tube digestif d'Olivier. Rejet complet.

31 mai

À l'aube, après maints remous nocturnes, il prendrait bien un peu de Coca pour roter. Je descends dans le hall et j'y rencontre Moustachu qui me demande si tout va bien.
— Non, pas très, merci.
J'explique le cooler, je raconte ma vie: incendie, tout perdu avant de venir en Inde ppppprécisément à cause d'un incident de ce genre, un appareil électrique défectueux, alors il faut rectifier, si vous voulez bien, mais plus tard, parce que pour l'heure, besoin d'une groooossse bouteile de Coca très frais et un jus d'orange pour moi, je vous prie.

Il va m'amener cela dans la chambre.
Et je vais payer la peau des fesses.
Et tout de suite.

Argh! Je déteste cet endroit, je déteste ce moment, je déteste ces gens. Je déteste l'idée que je vais quitter l'Inde en détestant l'Inde.

Négociation pour amélioration de situation, Moustachu déclare qu'il va voir avec le patron, que je descende dans un moment, on va discuter. J'inoccule un peu de Coca à Olivier, les urgences d'abord, ça soulage un peu. Je bois mon jus d'orange (même pas tellement bon! Un peu amer si vous voyez ce que je veux dire) et je sors pour aller voir le boss, bien déterminée! Faut pas poussser Mémé!

Moustachu m'attrape sur le palier, il a vu son patron, il me propose une vraie chambre avec AC (air conditionné), on négocie le prix wifi inclus. Pour la peine. Non mais. Bon, pas vraiment le prix bas qui me ferait les aimer, mais un prix correct qui nous arrange, parce que franchement, changer d'hôtel, là, avec un Olivier ainsi nauséeux, c'est juste pas vraiment envisageable.

On passe dans la chambre en question, la 201, sur le même palier. Moustachu aide à porter les sacs, je réclame le mot de passe internet. Oui, Expert-Informatique va venir. Il arrive un peu plus tard, donne le mot de passe et réclame la différence de prix. Alors là, Mémé —qu'il ne faut pas pousser, je le rappelle— s'insurge: j'émets un «non» bien ferme. Et droit dans les yeux de Expert-informatique-et-on-dirait-bien-le-boss, en poussant déjà la porte, je déclare fermement: «at check out time» (quand on partira).

Et là, j'observe ce que j'ai observé systématiquement depuis mon arrivée: une femme hausse le ton, et l'homme se ratatine comme un môme pris en faute. Il sait qu'il ne peut plus rien, son pouvoir est liquéfié. Entre eux, les hommes s'engueulent et se calment, rien à voir avec l'attitude devant une femme. Tout-boss-et-expert-informatique-qu'il-soit a rapetissé d'une taille et répète: «OK, at check out time» comme si c'était lui qui l'avait décidé ou plutôt, comme s'il n'avait plus qu'à valider une parole d'évangile.

Ainsi, j'ai vu Emiline se fâcher, dans le train quand les gens étaient bruyants, en marchandant quand vraiment le prix était trop élevé ou simplement en s'insurgeant quand elle n'était pas d'accord avec quelque chose. Dès qu'elle donnait de la voix, le mâle, plutôt macho jusque-là, se faisait tout petit et penaud. Je croyais que c'était elle qui impressionnait, mais sur les ghats, à Varanasi, un autre épisode m'a montré que non. Nous étions assises avec Emiline à déguster tranquillement un chaï, les yeux traînant sur le fil du Gange. Un Indien arrive, nous demande d'où on vient, dit comment c'est bien la France, il a un cousin qui parle français, «beonjeour, savabieeen?», etc. Avec Emiline, on répond volontiers, il n'est pas vraiment envahissant et plutôt sympathique, le garçon.

À ce moment, une femme indienne en sari vient ramasser les verres de chaï vides et râle en hindi auprès de Raju, assis sur le banc en face de nous. Il rétorque quelque chose en nous désignant, le gaçon et nous. La femme se tourne alors vers le garçon et lui râpe sur le poil. Il se renfrogne, tourne les talons et va s'asseoir, boudeur et voûté, dix mètres plus loin. La femme s'éloigne.

Emiline demande à Raju ce qui vient de se passer. Il raconte qu'elle râlait sur les jeunes qui embêtent les touristes. Alors Raju a dit qu'il y en avait encore un, là, qui embêtait les filles. La femme a repris de plus belle et l'a envoyé jouer ailleurs. On a éclaté de rire, avec Emiline, et prié Raju d'aller dire au garçon que c'était une blague, qu'il ne nous dérangeait pas vraiment. Mais Raju s'en foutait, il n'a pas bronché.

Or donc, ce matin, je suis Mémé qu'il ne faut pas pousser et j'ai imposé ma loi. Et l'homme a fait son petit garçon. Pas que j'aime vraiment cela, mais bon, depuis le temps qu'ils poussent aussi!

J'ai eu la même attitude quand Expert-informatique est arrivé, car je ne captais qu'un réseau très faible. J'ai dit: «it's weak» (c'est faible) et m'apprêtait à râler sur ce sujet également, mais magiquement est apparu un «no, no, good network» (non-non, bon réseau). Je savoure une bonne connexion internet. La meilleure depuis mon arrivée, pour être sincère, et pendant qu'Olivier récupèrera, je téléchargerai des photos et des videos, je ferai mes paiements, j'écrirai des articles de blog avec aisance et rapidité.

Olivier et moi déclarons que cette chambre est top. Je descends pour un petit déjeuner au snack de l'hôtel et je le reconnais: c'est là que j'ai pris mon premier petit déjeuner indien avec Emiline il y a deux mois! Plus tard, je retrouve la boutique où j'ai acheté une crème de parfum dans une très jolie petite boîte ouvragée. J'aimerais en ramener d'autres, ça va faire de très jolis petits cadeaux en rentrant. Le mec me reconnaît! Alors là, c'est bon, mon humeur est totalement retournée. Il me fait même un prix «for you», la copine d'Emiline. Je ne me fais guère d'illusion, mais le prix à la pièce est tellement correct que je ne réfléchis pas plus.

Finalement, je quitterai l'Inde en aimant l'Inde.
Je préfère.




mercredi 29 mai 2013

Jaiselmer, suite et fin

29 mai

Nous terminons la visite du musée ce matin, juste après le rasage et la coupe de cheveux pour le garçons (70 roupies, finalement) et traînons encore dans les rues, avec des pauses café et lunch.

Décidément, Jaiselmer sera mon coup de coeur indien. J'aime cette petite ville aux portes du désert, ciselé dans le grès.

La ville dorée...

…aux portes du désert





Ciselée dans le grès








J'adore ces portiques. 

J'essaye de choper un courant d'air frais
Le train est prévu (et part) à 17h15. Nous arriverons dans la banlieue de Dehli à l'heure, il faudra une heure pour arriver en gare. Normal, quoi!

Bye bye Jaiselmer

dimanche 26 mai 2013

Jaiselmer

À peine sur le quai, harcèlement pour un touk-touk, un hôtel, un taxi, un safari en chameau. Beurk, saturation et mauvais réveil, nous n'écoutons rien ni personne, nous faisons les autistes en regardant nos sacs à nos pieds. Je prends un long temps pour me coiffer (je suis descendue du train hirsute) et quand nous avons à peu près nos esprits, Olivier s'approche d'un touk touk et articule : «Svastika hotel» et discute le prix de la course. Un Indien hurle à côté de moi «gratuit, gratuit, je travaille au Svastika hotel, c'est gratuit». J'essaye de le dire à Olivier, mais il ne veut rien entendre. «Naaan-nan, il veulent tous nous refiler leur safari, nan!». Je n'insiste pas. Puis un peu plus loin, au calme, je lui répète et on se dit que bah, on a loupé un trajet gratuit, tant pis. Aussi, c'est de leur faute, ils sont énervants à la fin!

Nous réveillons le tenancier, un Indien balaise en t-shirt et en pagne qui me fait penser à Raimu, version exotique. Ils dorments en sous-vêtements, et leur robe de chambre, c'est un grand morceau de coton qu'ils enroulent autour de leurs hanches.

Il nous montre la chambre, marchandage, l'endroit est bien, nous prenons. Il nous demande de patienter, le temps de la préparer. Il nous fait asseoir dans le hall, nous propose un chaï, appelle sa femme et sa fille qui viennent faire le ménage. Il est débonnaire et chaleureux, Raimu. D'un ton bourru, il nous dit que si on a besoin de quoi que ce soit, il faut lui demander. J'ai l'impression qu'il nous semonce, mais non, il a un discours totalement gentil. Il va, revient avec la théière de chaï, passe dans une autre pièce, revient avec un pantalon qui a remplacé son pagne, il brasse un peu d'air, il range trois bouquins sur la table et puis s'assied avec nous. Nous remplissons ses grands livres avec nos pedigrees complets et incidemment, je lui demande s'ils ont un service gratuit de touk touk depuis la gare. «Non, non, on ne fait plus ça».

Mh...  Regards entendus avec Olivier. Je me demande quel entourloupe nous préparait le gros menteur du touk touk. Il aurait sûrement essayé de nous vendre un autre hôtel et soit refusé de nous prendre, soit demandé un prix pour la course pour aller tout de même à l'hôtel de notre choix. Ce qui est bien, c'est que le marché se conclut toujours avant. D'abord on marchande, ensuite on respecte le deal. Parfois, ils essayent de ne pas rendre la monnaie, mais dès qu'on la réclame d'un geste éloquent de la main, ils la rendent avec un sourire qui dit «essayé, pas marché». Un deal est un deal. Les Indiens ne sont pas voleurs.

Nos sacs posés, dans la chambre —avec air conditionné réglable, que nous mettons immédiatement sur 28°, pour éviter les gros chocs thermiques avec l'extérieur—, nous faisons un petit tour pour trouver un breakfast et prendre la température (métaphore!) de la ville. J'aime bien. Il souffle un vent chaud et nerveux qui sent le désert. Il y a encore plus de poussière qu'ailleurs. Nous trouvons un rooftop rigolo qui me fait croire que nous sommes sous la tente d'un nomade dans le désert.



Jaiselmer est la «golden city» (la ville d'or). En effet, le grès jaune des maisons est patiné par endroits et donne une impression dorée. Le fort est impressionnant lui aussi, même si bien plus petit que celui de Jodhpur. On mange sur un roof top avec vue sur la ville, je prends du mouton et Olivier du poulet dans une recette indienne, c'est délicieux. Ça fait du bien de manger de la viande. Hormis le poulet en quantités frugales, il y a très peu de viande aux menus, les restaurants affichent souvent «végétariens» non pas par choix d'hygiène alimentaire, mais parce que la viande est rare: ils ne mangent pas de boeuf (la vache est sacrée) et ils considèrent que le cochon est un animale sale (!) en plus d'être banni par les musulmans.

Raimu nous a recommandé de rentrer avant 23 heures, nous sommes les seuls clients de l'hôtel, on se croirait en famille avec un oncle bienveillant qui surveillerait nos sorties. Il ferme la grille de son hôtel, chacune de nos allées et venues le fait se déranger pour nous ouvrir. Une après-midi, il vient même nous demander si nous avons l'intention de sortir (non, ce sera sieste, merci), parce qu'il «va au lunch» et il ferme la grille, il en a pour une heure, pas plus.

Là, franchement, j'ai pas compris: il s'en va et ferme la grille de l'extérieur. Une serrure sans clef juste une barre de fer qui se glisse horizontalement. Autrement dit, n'importe qui peut venir de l'extérieur et ouvrir cette porte. Les seuls qui sont bloqués, c'est nous: à l'intérieur. Alors je ne sais pas ce qu'il cherche à éviter, Raimu, à fermer ainsi sa porte. Peut-être que les voleurs potentiels, c'est nous, et ça nous empêche de nous enfuir? …Sais pas.
Incredible India.

27 mai

Après une journée vraiment tranquille, nous prévoyons la visite du fort. Hier, nous avons repéré un restau pour le petit déjeuner sur la route du fort.







Non, pas des ballons de foot, des melons. Très bons.

Gandhi


Après sustentation et un litre d'eau fraîche avalée comme un chameau, j'emboîte le pas d'Olivier qui imprime la cadence. D'abord, on cherche la vue sur la ville: woah. Splendide. Elle est vraiment «en or».







Une fille canon





Ensuite, nous voulons visiter les musées. Il y a un guichet qui vend des billets à des prix suspects, l'affichage n'est pas clair du tout. La Bible nous dit que c'est 30 roupies, les préposés disent choeur 200 roupies, plus 225 roupies pour l'appareil photo, on parlemente, mais ils n'en démordent pas. On dit qu'on va boire un café et réfléchir, et qu'on reviendra après.

Au guichet pour la visite du fort, les prix sont clairs. Olivier demande combien pour visiter les musées. «C'est gratuit, les musées».

HA ! C'est pas seulement une impression, alors! On se fait bel et bien avoir en grand. Idem pour le barbier: jusqu'ici, ils ont demandé 100 à 150 roupies pour la barbe et une coupe de cheveux à la tondeuse pour Olivier, alors que Raimu confirme que le tarif, c'est 50 à 60 roupies. Grrrr, ce sempiternel racisme! Mais non… Ne pas s'énerver. Garder sa bonne humeur, garder sa bonne humeur… Ne pas le prendre personnellement, c'est leur vie, c'est leur métier: plumer le touriste. Rien de personnel contre le touriste du moment. Respirer, payer, sourire et puis savourer la splendeur de l'endroit. Et se consoler en se disant que 200 roupies, c'est trois balles cinquante, après tout…

Visite du fort avec audio-guide. On se met nos casques sur les oreilles et, pour être synchrone, on se donne un top pour démarrer l'enregistrement. C'est très intéressant d'avoir des explications, pour une fois. On écoute, on s'instruit, on s'en met plein les mirettes, clic-clac, Olivier prend des photos, et là, paf, il se tord méchamment une cheville dans un trou au bas d'une marche d'escalier. Aïe! Oula, je vois le garçon pâlir en hurlant silencieusement (bouche grande ouverte en apnée), ça a l'air sérieux.

TROU
Et anecdote: en voyant Olivier changer de couleur, un préposé s'est précipité pour porter secours. Il a suggéré à Olivier de s'asseoir, puis de secouer son pied (pour voir s'il était toujours attaché, peut-être?) et puis nous avons commenté de concert sur le danger de ce trou, qu'il faudrait bien faire queluqe chose pour éviter qu'un accident ne se reproduise. Alors le bonhomme a dit, en mimant avec sa main droite, d'écrire une plainte dans le livre d'or. «Write a complaint, you do so!» (Ecrivez, faites-le!) Moi, je pensais bêtement qu'il irait chercher une planche à mettre dessus, mais bon… 

On se rapatrie à l'hôtel en touk touk, non sans négocier une possiblité de revenir demain ou après-demain pour terminer la visite. Une entorse pareille, si on veut éviter les rayons X et le plâtre, c'est le moment d'user de tous mes trucs de sorccière (ou remèdes de grand-mère, c'est pareil): emplâtre d'argile et pharmacopée de fortune. J'arrose d'huile essentielle de lavande, c'est une panacée, la lavande, et Olivier possède quelques comprimés d'anti-inflammatoires. La douleur se calme, mais nous voilà coincés dans la chambre, c'est sûr qu'il n'est pas question d'utiliser cette cheville avant 24 heures, minimum. Vu comment ça évolue dans les heures qui suivent, on peut se rassurer, ce n'est qu'une vilaine entorse. Ouf.

J'en profite pour écrire ces longs messages que je publie tant bien que mal grâce au wifi gratuit mais chaotique de l'hôtel. Il ne passe pas la porte, je dois m'installer sur le haut des marches d'escalier pour le choper. Ou alors descendre dans le hall de l'hôtel, qui est également le salon et la salle à manger de Raimu et  sa femme. J'y suis la bienvenue, mais quand ses copains arrivent pour le chaï et allument la télé, je me lève et déclare que «de toute façon, j'allais monter dans la chambre».

Autant de péripéties qui font des souvenirs…

Le soir, on traverse la ruelle pour aller dans le restaurant d'en face. Bon accueil, bon prix, les bons endroits ne figurent pas tous dans la Bible.

28 mai

Cheville en bonne voie de guérison. On ne s'aventure pas plus loin que l'autre côté de la rue pour le petit déjeuner, d'abord parce que l'endroit testé hier soir est parfait et puis pour ménager la cheville le plus longtemps possible.

Olivier veut aller se faire raser, mais apparemment, on ne rase pas le mardi à Jaiselmer. Retour donc au vautrage en chambre. De mon côté, le rhume s'amenuise et la forme revient.



vendredi 24 mai 2013

Jodhpur

Nous faisons le trajet Udaipur-Jodhpur en bus. Même pas avec air conditonné. Cinq heures les fenêtes grandes ouvertes, ballotés sur les routes parfois correctes du Rajastan, avec quelques moments de serrage de fesses quand le bus dépasse un camion, et puis non, il n'a pas le temps, il se rabat. Heureusement, à part une petite vallée avec quelques virages serrés, la route est plate et droite. Je prends des photos à la volée, secouée par les chaos de la route, alors pardon, l'horizon n'est pas toujours horizontal.





Dans un village: bouchon. Je mets le nez à la fenêtre, deux bus cherchent à se croiser dans la rue étroite, deux motos parquées prennent de la place. Il faut quelques longues minutes pour trouver les propriétaires et bouger les motos, et enfin, on se croise, et ça passe à quelques centimètres.


Démonstration en images



Les rues de la ville me font penser à celles de Varanasi, étroites et sinueuses.



Nous trouvons un hôtel tout près du fort, le plus beau et le plus fort de la contrée dit la Bible. Elle dit aussi que Jodhpur est la ville bleue. Bof, où ça, bleu? Et puis oui, en se promenant, on voit çà et là des façades d'un beau bleu ciel. Et plus tard, depuis le fort, ce sera bien plus flagrant.








En soirée, nous marchons une bonne distance pour trouver le restaurant recommandé par la Bible. La mauvaise humeur monte en moi, je ne me sens vraiment pas bien, il serait temps que j'arrête de faire semblant, car je suis malade. Sinusite, bronchite, probablement. En tous cas, j'ai le souffle court et ces bouffées de chaleur pourraient bien être de la fièvre. À cause de la fatigue, je trouve les gens pas sympas. Les klaxons m'agressent plus que d'habitude, un Indien me bouscule sans un mot d'excuse.

Le restau est très bien, roof top avec vue sur la pleine lune et le fort. On y mange bien; une fois de plus, nous sommes les seuls clients et regrettons de n'avoir pas plus d'animation.

L'humeur d'Olivier est sereine, ça doit vraiment être moi et la pleine lune. C'est pourtant celle du Wésak, une très belle fête de la réconciliation. Raté! Je suis limite grinchieuse, je me surveille. Pas la peine de pourrir la soirée.

Le lendemain, je déclare forfait. J'ai besoin de repos et de traiter mon mal. Olivier part visiter le fort seul, et je me rendors illico. Après deux heures d'un bon sommeil, je me sens déjà mieux. En fin de matinée, je négocie —très mal— de garder la chambre jusqu'au soir : je comprends 100 roupies supplémentaires, c'est 300, ça n'arrangera pas mon humeur sur les gens du coin, ça! Aujourd'hui, je vois le verre à moitié vide et je ressens une grosse frustration: celle de ne pas pouvoir vraiment rencontrer les gens, parce que convaincue que leur seul intérêt est de me piquer un maximum d'argent. Hormis cela, l'étranger qui vient les voir ne les intéresse pas. Je suis écoeurée et je laisse cet méchant état d'âme s'évaporer en dormant pratiquement toute la journée.









Démonstration d'enturbannage













Olivier revient de la visite émerveillé. Il a reçu une invitation pour un petit spectacle de musique dans un parc, derrière le fort et en a quémandé une supplémentaire pour sa mère malade restée à l'hôtel. Nous nous y rendons à la nuit tombante. Quatre musiciens et chanteurs avec des instruments traditionnels qui chantent des chansons traditionnelles. Après le quatrième morceau, la Lune se lève derrière le fort. Elle va d'abord illuminer les arches supérieures, et puis se montrer en grand et s'élever au-dessus de la bâtisse. Splendide et magique. Le trajet aller et retour depuis l'hôtel est enchanteur, il faut traverser le fort et un morceau de parc. Me voilà réconciliée avec l'endroit.





Le train pour Jaiselmer est prévu à 23h45, il part à l'heure. Nous arrivons avec un peu de retard, et j'ai deux minutes d'affollement, car je me réveille alors que nous sommes déjà en gare. Heureusement, le train restera longtemps à quai et nous aurons tout le temps de descendre.