mardi 7 mai 2013

Ça va très bien !


Bon, les gens, il faut que vous sachiez : je vais très bien!

Malgré le bouleversement total de ma vie où je passe, en un petit mois, d'un sommet montagne enneigée à une température d'étuve en passant par la case combustion totale; malgré le passage d'une vie sédimentaro-inerte façon mollusque à une vie nomade et exploratrice; malgré le choc des cultures, je vais très bien. Pardon si je ne l'exprime pas aussi clairement.

En fait, je suis ravie. J'étais trop peinarde dans ma petite vie trop bien rangée. Il était temps que je m'aère les neurones au contact de la vraie vie. Je me doutais bien que le monde ne ressemblait pas partout à mon petit confort, mais il était grand temps de venir le voir de visu pour de vrai en direct live.

Donc, tout va bien. Le moral est excellent, l'enthousiasme intact, la motivation retrouvée. Je m'habitue. À tout: à la poussière, au bruit, aux odeurs, aux couleurs, à la chaleur, oui, même à la chaleur. Avant-hier: 46°, je mourrais. Mon tube digestif a fait la grève, tout passait tout droit. Hier, on a eu «que» 36°, je trouvais qu'il faisait très agréablement frais. Il faut dire qu'il y a toujours du vent, et à l'intérieur, les ventilateurs échappent aux coupures de courant en étant branchés sur les batteries. Ils tournent en permanence. Ça brasse de l'air chaud, certes, mais c'est mieux quand même.

Je m'habitue à l'anglindien. Anglais-indien. Une langue particulière… Les verbes sont parfois conjugués, les phrases quelques fois composées, mais dans l'ensemble, on jette les mots en vrac, et débrouille-toi pour comprendre. Je m'amuse beaucoup à commander ek pani botal. Ek=une en hindi, pani=eau en hindi, botal=bottle=bouteille en anglais avec l'accent d'ici. L'autre jour, Raju compose un numéro de téléphone, son correspondant ne répond pas, il dit: «he's not pickuping». —La façon correcte, pour les non-anglophones, c'est «he's not picking up» (il ne décroche pas). Le pompom, c'est quand les hommes parlent en chiquant leur tabac. Alors là, je renonce à comprendre, car il faudrait un traducteur de chiquien en anglindien, d'anglindien en anglais, et là, je saisirais.

Je m'habitue à la nourriture. C'est délicieux, et je commence à discerner les plats à ne pas commander des autres moins épicés. Ne pas finir son assiette est mal vu, alors autant se renseigner avant. Je ne mange pas encore tout à fait comme eux avec les doigts. Leur technique est fascinante. Ils mélangent le riz et le plat cuisiné (au curry et masala pour la plupart), forment une boule et la poussent dans la bouche d'un coup de poignet particulier. Certains suent à grosses gouttes au bout de quelques bouchées, ce sont les épices. Ils ne bronchent pas, continuent à avaler les boulettes et parler la bouche pleine. On mange avec la main droite, parce que la main gauche sert à autre chose. (Oui, ça aussi, c'est vrai…). Je perds tranquillement toute ma bonne éducation parce que «no thank you, no sorry», comme je l'ai déjà dit, mais roter n'est pas mal vu non plus. Ce midi, au lieu de demander poliment de me passer l'eau, je m'entends dire: «elle a disparu où, la bouteille d'eau?».

Bref, tout va très bien.

1 commentaire:

  1. Tu es géniale! J'adore te lire et suis heureuse de sentir que tu as déjà passé le cap essentiel pour profiter à fond. Quelle veinarde! si tu savais combien je rêve ce que tu vis! gros bisous ma douce et namasté...

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Voyages en tous genres d'une citoyenne temporaire de la planète Terre. Commentaires bienvenus, mieux encore s'ils ne sont pas anonymes.