dimanche 2 novembre 2014

Le monde de l'administration, suite...

La roue tourne, les choses finissent toujours à avancer.

Il y a quelques jours, je reçois deux courriers de la même caisse, même logo. Appelons-là CDR pour Caisse de Retraite. J'ouvre le premier qui dit en substance que mon dossier a été géré par plusieurs entités (merci, je m'en étais rendue compte), qu'ils s'en sont rendus compte (bien joué!) et que pour simplifier (ah, enfin!), ledit dossier allait désormais être traité par un seul interlocuteur, la CDR (yes!)

Le second courrier m'indiquait le montant de la retraite qui m'était — enfin — octroyée. Youpi! Une phrase cependant a retenu mon attention : «Votre pension n'est pas mise en paiement car vous n'avez pas répondu à nos différents courriers». 

Les chaussettes m'en sont tombées. 

Et puis sur un second feuillet, un laïus agréable m'indiquant à qui m'adresser et comment et dans quels délais, au cas où je ne serais pas contente avec ce qu'on venait de me dire. J'ai d'abord exprimé verbalement ma façon de penser aux murs de mon bureau, et la décence m'interdit de le rapporter ici. Et puis j'ai décidé de le prendre à la légère. Après tout, ce n'est que de l'argent... — Je vais mentionner ici qu'on parle d'une somme «confidentielle». C'est l'euphémisme pour «minable».

J'ai passé un long moment à tenter de comprendre, j'ai fini par m'apercevoir que si le logo était le même, celui de la CDR, les deux enveloppes émanaient d'un service différent. Un peu de lumière dans un tunnel tout noir... J'ai parcouru les courriers précédents, tentant de discerner à quels courriers je n'avais pas répondu, macache!

J'ai pris une feuille blanche et ma meilleure plume, et j'ai écrit, en substance:

Chère Madame CDR,

J'ai bien reçu votre courrier et le montant de ma pension et je vous en remercie (grosse hypocrite!). Cependant, une phrase m'étonne et me surprend, je la cite: «Votre pension n'est pas mise en paiement car vous n'avez pas répondu à nos différents courriers». Différents est bien le mot-clé ici, au cours des deux années qui viennent de s'écouler, j'ai eu le sentiment d'avoir affaire à une dizaine de personnes d'un nombre non identifiable de services. Je vous avoue que j'ai un peu de peine à suivre l'évolution de mon dossier.

Pas plus tard qu'il y a dix jours, j'ai envoyé un certificat de vie à Mme Machin, avant cela, un relevé d'identité bancaire à Mme Trucmuche, qui m'en a confirmé à la bonne réception, avant cela encore, j'ai eu affaire à Mme Anno, puis Mme Nyme avant elle, j'ai rempli des formulaires, j'ai répondu à des questions, j'ai validé des plans de carrière et ce faisant, j'ai rencontré plein de gens charmants au demeurant. Je suis donc étonnée par votre remarque.

Néanmoins, après deux ans de démarches, je suis prête à en effectuer d'autres, dites-moi juste à qui je dois envoyer quoi pour voir enfin la couleur de cet argent qu'on me fait miroiter depuis tout ce temps.

Bonjour chez vous.


Allez savoir, un de ces jours, je vais peut-être recevoir un virement bancaire. Cela dit, j'adore cette exploration du monde mystérieux de l'administration, de ses couloirs, de ses tiroirs et recoins, de ses méandres et circonvolutions. Une tout autre façon d'utiliser son cerveau. Passionnant !












mardi 14 octobre 2014

Le monde de l'administration

Un monde vraiment à part...

Plus de deux ans que mon dossier traîne dans les administrations. Une pension à laquelle j’ai droit. Je me suis un jour adressée à la cantonade, il me semblait que ma situation était éligible pour une aide sociale. On m’a répondu que je n’avais droit à rien. Un peu déçue, je me suis résignée. Et puis un jour, une lettre d’une administration avec des initiales marrantes genre GROPAF m’écrit — je ne veux pas les citer nommément, pas folle, hé…! — que j’ai droit à quelque chose. Ah bon? Joie. Et acte: je remplis des cases avec des noms, prénoms, adresses et autres pedigrees et j’attends.

Longtemps.

Un jour, au bout d’un an, je me rappelle que j’attends et je vais aux nouvelles chez GROPAF.

— Ah, mais j’attends toujours la décision de la PTITBIT pour savoir combien je vais vous donner, me dit une préposée charmante avec gentillesse.

J’apprends ainsi qu’une autre caisse de compensation s’occupe de compenser. Parfait. J’attends donc encore. Et puis comme l’attente dure, je recontacte GROPAF. Pendant une saison, nous échangeons ainsi un contact bi-hebdomadaire, moi demandant quid? à GROPAF, elle relayant la demande à PTITBIT.

La saison passée et avant le milieu de la suivante, je décide de mettre mon grain de sel et de contacter moi-même la PTITBIT, en partie parce que la préposée de GROPAF est charmante et efficace, deux qualités devenues rarissimes chez les fonctionnaires, et que je me dis que l’union devrait faire la force et aussi parce que je commence à perdre un peu patience.

Je compose alors le numéro de téléphone de la  PTITBIT. Ça sonne.

Une fois et demie, et puis une voix automatique féminine répond:

— Bonjour, et bienvenue à l’administration administrative. Merci de vous munir de vos documents…

Merde! Mes documents. Panique. La voix continue:

—…un conseiller va vous répondre.

Argh, un conseiller va me répondre et je n’ai pas mes références sous la main, au secours! La voix n’a pas terminé:

— N’hésitez pas consulter notre site web, vous y trouvez des informations.

Et puis, la musique. J’avais oublié la musique des répondeurs administratifs. Je me demande s’ils n’ont pas étudié à fond la question pour trouver la pire musique, celle qui tend le système nerveux en moins de cinq secondes. Un bon truc pour couper l’envie de téléphoner. J'ai mis mon smarphone sur haut-parleur pendant que je fouinais à la recherche des mes documents, le son est de qualité plus que médiocre, ça fait un bruit infâme, cette soi-disant musique. Je suis déjà énervée quand la voix déclare:

— Tous nos conseillers sont actuellement occupés, nous vous invitons à renouveler votre appel.

Et paf, ça raccroche. Ah bon? Pas de menus à choix multiples ni de «tapez dièse»? Je suis surprise, mais au fond, je préfère.

Toujours déterminée, je recommence jusqu’à obtenir un conseiller. Non mais. Je recommence dix fois et dix fois, la voix me raccroche au nez. La onzième, après avoir répété toutes les phrases comme les dix dernières fois, la voix m’annonce ensuite une attente de cinq minutes. Victoire! Je suis dans la queue! J’attends. 

Je m’en fous, j’attends.

La musique m'énerve, je baisse le son. Je faisais autre chose en attendant, pas loin du téléphone et je me dis soudain que si je baisse le son, je prends le risque de louper le moment où on va me répondre. Je stresse. Je cherche une solution pour étouffer le bruit à la sortie du haut-parleur, mais c’est raté, autant baisser le son. Bon, tant pis, je supporte cette horreur, je suis zen, je peux rester zen, je respire.

C’est pratique un smartphone, le temps de communication s’affiche sur l’écran. Déjà 3:46 minutes, ça va pas tarder à être à moi, hé hé.

Pauvre naïve! La fois suivante, quand je regarde, on en est à 7:23 minutes. Pfff, pas terrible, leur estimation du temps d’attente, j’aurais dû m’en douter! Le temps continue à passer, la musique à m'assourdir et mes nerfs à peloter. Je me concentre sur ce que je fais pour ne pas ajouter un sentiment de perte de temps à mon énervement qui croît exponentiellement. Je n’ai pas beaucoup de patience dans ce genre d’opérations.

Mon esprit digresse et je médite en toile de fond sur les avantages modernes. Nous disposons aujourd’hui de technologies incroyables, nous pouvons téléphoner sans fil depuis des endroits improbables, les ordinateurs sont démentiellement performants et le moindre appareil informatique peut télécharger des applications pour TOUT. Non sans blagues, c’est génial, ça va de la météo en temps réel pile là où on se trouve y compris au milieu de nulle part aux cours en bourse à la seconde près, en passant par tous les petits jeux et divers outils marrants. En revanche, pour obtenir une information d’un fonctionnaire, c’est une tout autre histoire. Les appels arrivent sur une seule centrale, bien que chaque collaborateur puisse être aisément atteint individuellement et directement. Pas de téléphoniste au bout du fil, mais une voix enregistrée. Nos dossiers administratifs pourraient être centralisés, non, il faut remplir un dossier pour chaque service de chaque administration. Le sommet de l’incompétence. À croire qu’ils font exprès, mais dans quel but…? 

Quoi? 18:57 minutes d’attente déjà? Mais de qui se moque-t-on? Ah non, vous ne m’aurez pas, je ne lâche pas, je suis décidée comme jamais, j’attendrai jusqu’à ce qu’on me réponde! Pas question de perdre patience à ce stade de l’opération, mais tout de même, 19 minutes, ils sont gonflés!

À 22:38 minutes, la voix remplace la musique:

— Tous nos conseillers sont actuellement occupés, nous vous invitons à renouveler votre appel.

Et la communication est coupée.

Je pousse le cri primal.

— Noooooon !!!!!!!

Et là, pendant quelques minutes, je m’imagine me rendre dans les bureaux de l’administration et déverser un tombereau de fumier et de purin sur tous les bureaux. Hélas, lesdits bureaux se trouvent dans une autre ville, plutôt lointaine, et puis je ne dispose pas de fumier ni de purin. À défaut, j’attrape mon clavier et tape une lettre rageuse au directeur de ladite administration en réclamant un numéro de téléphone direct et le nom de la personne qui s’occupe de mon dossier.

Au bout de quinze jours, les deux administrations m’écrivent à un jour d’intervalle. PTITBIT me réclame un «certificat de vie afin de pouvoir vous verser votre pension» tandis que GROPAF réclame un relevé d’identité bancaire (ou RIB) original car ils n’acceptent par les fax. En pièce jointe, une image complètement déformée du RIB que je leur avais fait parvenir par mail deux ans auparavant à l’ouverture de mon dossier. Je renonce à comprendre, il y a longtemps que je sais qu’avec les administrations, le mieux, c’est de faire ce qu’on me dit sans utiliser mon QI. Je renvoie un RIB que je trouve encore attaché à un vieux carnet de chèques, tout en spécifiant qu’entre-temps, j’ai changé de nom. J'envoie un RIB tout frais téléchargé du site web avec le bon non, je le précise, et j’espère que de leur côté, ils utiliseront leur QI, eux (aussi minime soit-il).

Le certificat de vie est un papier intéressant: il certifie que vous êtes en vie. Pour cela, il faut aller à la mairie de votre domicile et demander à la préposée de tamponner un formulaire. Pour simplifier, je remplis moi-même le formulaire et le fais signer à la demoiselle charmante qui a reconnu le document, qui le signe et le tamponne de bonne grâce. J’envoie très vite la chose à la PTITBIT, car après deux ans, j’ai hâte de savoir enfin quel montant je vais toucher. Car bien sûr, on me fait miroiter un paiement, on me réclame des documents, mais personne ne songe à m’informer de combien il s’agit exactement. Le suspense reste entier. Je n'ose pas poser la question, de peur de mettre un grain de sable dans un engrenage qui semble enfin s'est mis en mouvement.

Quelques jours plus tard, une lettre de PTITBIT au courrier! Le cœur battant, je me dis que je vais enfin savoir. Hélas, c’est le certificat de vie en retour qui est «inacceptable, car les champs n’ont pas été complètement complétés». Abasourdie, je détaille le document. Il manque le nom de la préposée qui déclare-nous-soussignés-sur-l’honneur.

Arggh, par pitié, donnez-moi du goudron et des plumes! Déjà que je trouve que le coup du certificat de vie est une monumentale débilité, on m’envoie un nouveau formulaire à re-remplir et cette fois complètement. Quand un jour, incidemment, je me suis permise de trouver douteuse l’utilité dudit certificat, on m’a répondu que c’était pour éviter les fraudes. Ah bon, parce qu’on peut falsifier des tas de papiers et pas un certificat de vie? Et si c'est le cas, c’est quoi, la suite? Il faudra prendre une photo avec la préposée de mairie en train de signer le papier et tenir un exemplaire du journal du jour? Tourner une vidéo? Mais on va prétendre que ce sont des montages…

Si vraiment madame PTITBIT craint la fraude, est-ce qu’un fonctionnaire de chez elle ne pourrait pas prendre le téléphone et m’appeler pour vérifier que je suis bien en vie? Parce que jusqu’ici, personne n’a demandé de preuve que c’est bien moi qui ai et rempli tous les papiers, personne n'a demandé que ma signature soit certifiée...

Mais non, je ne suis pas raisonnable, j’utilise mon QI concernant une administration. Allons, il faut que je me reprenne.

Lundi, à la première heure, je vais retourner à la mairie et je vais faire bien attention que toutes les cases soient remplies:

Prénom : Simon
Nom : Cussonnet
Adresse : Place de l’Eglise
Ville : Torelle
Département : Eure


Et voilà !











lundi 6 octobre 2014

Petit voyage en pays new age

J’aime le nouvel âge, pas vous? Le monde où les hommes se veulent de bonne volonté. 

Après des âges de guerre, de conflits, de règlements de compte en tous genre, voilà que tout une partie de population aspire à vivre autrement, à savoir dans l’amour. Ces pèlerins du Nouvel Âge, pionniers en marche vers l’Âge d’Or, s’activent à changer les choses. Car vous en conviendrez, je pense, pour une raison métaphysique encore indeterminée, c’est chose aisée que de se battre entre nous, c’est chose nettement moins zézée que de s’expliquer posément quant il s’agit de régler un désaccord dans le respect de l’autre. Car nous ne sommes pas tous toujours d’accord, c’est un fait avec lequel il faut compter, la bonne entente entre individus n’étant pas génétiquement programmée. On ne sait pas comment le couple Adam et Eve a fini, mais on a des renseignements sur leur progéniture: tous petits déjà, Caïn et Abel ne pouvaient pas se supporter.  On connaît la suite…

Les hommes de l’Âge Nouveau dépensent donc beaucoup de temps, d’énergie et d’argent dans des livres, des conférences, des réunions, des séminaires souvent onéreux  — c’est cher, donc c’est bien — afin, entre autres, de maîtriser une communication la moins violente possible, le but étant de s’affirmer dans ses besoins tout en n’écrasant pas l’autre. L’intention est des plus honorables. 

Mais on sait quel endroit les bonnes intentions viennent parfois paver…

Un exemple étant toujours moins pompeux qu’un long discours, voici une saynète de l’ère Marshmallow du milieu du Nouvel Âge entre deux novices de la Bonne Volonté. En italiques, les traductions du vocabulaire et le décodage du comportement new age.

La scène se passe par mail. Une newager brune cherche un espace (une salle) pour donner un séminaire d’une journée sur «la gestion de l’ego sacré par le souffle divin dans la maîtrise des énergies mentales multidimensionnelles en intégration par le hara » (ou comment être égoïste en respirant par le ventre). En face, une blonde qui dispose, dans le désordre, d’une grande maison, d’un gros compte en banque, d’une grosse envie de tromper son ennui et d’une certaine vénalité. Elle a vidé les meubles de la pièce du bas, elle a pris une photo et l’a mise sur un site web sommaire qui promeut la location de cette salle. 

Labrune vient de contacter Lablonde via ledit site.


De : Labrune@egosacresouffledivin.org
À : Lablonde@espacedelumierealouer.com
Le 2 septembre 2014 à 09:54, Labrune <Labrune@egosacresouffledivin.org> écrit:

Chère Lablonde,

J’ai visiter (Labrune est en conflit avec l’accord du participe passé) ton site (tout le monde se tutoie dans le Nouvel Âge), il est très bien fait (c’est pas vrai), c’est dommage qu’il n’y est qu’une seule photo de la salle, mais elle a l’air tout de même très bien (très chère). J’aimerais organiser un séminaire dans ton espace, voici des informations sur mon activité : www.egosacresouffledivin.org

Est-ce que la salle serait libre le 15 octobre?

Amour et lumière
Labrune

www.egosacresouffledivin.org
Labrune Hautbranchee, coach universelle




De : Lablonde@espacealouerpascher.com
À : Labrune@egosoufflesacredivin.org
Le 2 septembre 2014 à 10:10, Lablonde <Lablonde@espacealouer.com> répond:

Chère Labrune,

Je suis allée voir ton site, j’aime beaucoup (c’est vrai). Ton activité m’attire beaucoup, j’ai tout de suite senti une très belle énergie indigo, c’est bon signe (on ne sait pas de quoi). J’adores ce que tu fait, (Lablonde est en conflit avec l’orthographe en général) c’est lumineux. La sâle est libre le 15 septembre. C’est 200 f de 10 à 16h, le prix a été fixer en accord avec les esprits du lieue.

Pour le même prix, j’envois ton flyer à tout mon carnet d’adresses. 

Je me réjouis déjà de te rencontrer.

Amitiés
Lablonde
www.espacealouer.com
Directrice de location de salle
Tel : 091 45 12 



De : Labrune@egossouffledivinsacre.org
A : Lablonde@petitespacealouer.com
Le 2 septembre 2014 à 10:23, Labrune <Labrune@egosacresouffledivin.org> dit:

Chère Lablonde,

Merci pour ta réponse rapide, c’est agréable.

Je réserve donc la salle pour le 15 octobre. Les gens seront au sol, as-tu des tapis de sol et des couvertures? Sinon, je dirai aux participants d’en apporté.

Pour le prix, j’avais prévu que la journée débute à 9h30 et de finir à 17h. L’horaire que tu propose est un peu juste, peut-on prévoir 150 f à ce moment-là? (C’était très clair dans l’esprit de Labrune, mais moins dans sa phrase).

Pour le mailing, c’est super merci j apprécie. Peux-tu également annoncer mon activité sur ton site?

Amour et beauté
Labrune
www.egosacresouffledivin.org
Labrune Hautbranchee, coach universelle


De : Lablonde@espacealouer.com
À : Labrune@egosacresouffledivin.org
Le 2 septembre 2014 à 15:03, Lablonde <Lablonde@espacealouer.com> réplique:


Coucou,

Je ne peut pas baisser le prix, mais si tu veux, tu peux avoir la salle de 9h30 à 16h30. Après, il faut la nettoyé et j’aime pas finir tard.

Non, pas de tapis de sol, mais il y a des coussin dans la salle comme tu peux le voir sur la photo (trois petits coussins).

Oui, je vais annoncer ton séminaire, mais mon ordi bug, je dois appeler mon technicien.

Pense-tu que je pourrais participer gratuitement à ton séminaire? Il m’intéresse vraiment, et comme ça, je saurais de quoi je parle pour en faire la pub. (Faire de la pub après le séminaire… Est-ce bien utile?) J’ai une amie intéresser (pas vrai, c’est pour forcer la main pour la participation gratuite).

J’adore l’énergie qui passe entre nous. 

Amitiés enthousiastes
Lablonde
www.espacealouer.com
Directrice de location de salle
Tel : 091 45 12 



De : Labrune@egosacresouffledivin.org
À : Lablonde@espacealouer.com
Le 3 septembre 2014 à 15:34, Labrune <Labrune@egosacresouffledivin.org> rétorque speedée:


Hello,

Désolée de répondre si tard, mais je suis débordée. Il y a tellement à faire pour ce séminaire.

Oui, bien sûr, c’est très volontiers que tu peux participé (dit-elle à contrecoeur en enregistrant cette première inscription enthousiaste mais non rémunératrice). Mais ce sera trop tard pour la pub (effectivement).

Je ne vois pas mon annonce sur ton site, as-tu résolu tes problèmes d’ordi? Je m’y connais en site, si tu veux, je peux la mettre pour toi. C’est pénible, les problèmes d’ordi.

N’hésite pas, nous avons toutes les deux intérêt à ce que se séminaire se déroule bien (très vrai).

Une toute belle journée à toi.



Amour refoidi et lumière tamisée
Labrune
www.egosacresouffledivin.org
Labrune Hautbranchee, coach universelle




De : Lablonde@espacebidonalouer.com
À : Labrune@souffleegosacredivin.org
Le 3 septembre 2014 à 21:16, Lablonde <Lablonde@espacealouer.com> déblatère confusément:


Hello

Mon amie s est indcrite pour le 15 (vrai, cette fois)

Comment fait on pour la séance gratuite . Je te propose de me donner un slot (en anglais: un créneau. On peut supposer qu'elle demande un moment pour se voir) , ainsi je pourrais mieux en parler et on se rencontre .

As-tu d autres inscriptions ?

J ai passe 8 heures avec mon technicien et mon ordi bug encore ...
C est lourd !

Bon Week end

Amitiés contrariées
Lablonde
www.espacealouer.com
Directrice de location de salle
Tel : 091 45 12 

Envoyé de mon iPhone (c’est pourquoi les accents et la typo sont douteux).



De : Labrune@egosacresouffledivin.org
À : Lablonde@espacealouer.com
Le 5 septembre 2014 à 08:46, Labrune <Labrune@egosacresouffledivin.org> répond deux jours plus tard:



Hello Lablonde

Quelle séance gratuite ? Il était question que tu participe gratuitement à la journée, mais une séance de soin personnaliser, c’est 120.- Je suis d’accord de t’en proposer une à pour 100.-- au lieu de 120.-

J'espère que tes problèmes d'ordinateur vont se résoudre car je sais que c'est vraiment pénible. 

Peux tu me donner les coordonnées de ton amie qui c'est inscrite.

Passe une belle journée.

Labrune xoxo (une petite croix égale une bise un «o» égale un hug. Un hug, c’est quand on se serre dans les bras avec un regard évaporé et beaucoup d’amour dans le cœur)


Amour agacé et lumière 
Labrune
www.egosacresouffledivin.org
Labrune Hautbranchee, coach universelle




De : Lablonde@espacebidonalouer.com
À : Labrune@souffleegosacredivin.org
Le 5 septembre 2014 à 08:53, Lablonde <Lablonde@espacealouer.com> annonce un peu pincée:


Bonjour 

Je suis étonnée et déçue de ta réponse .
Tu m avait proposer une séance gratuite afin que je fasse de la publicité pour toi et que je sache de quoi il s agit .
Je pensais qu il y avait plus d honnêteté et de cœur dans l histoire .
J ai même dit , met ton mail pour les réponses . C est preuve de confiance et de partage . (Clair dans l’esprit de Lablonde, moins dans sa phrase. Comment ces-deux là se comprennent devient un mystère qui s'épaissit).
Le retour est moins sympa ....

Bonne journée 
Lablonde

Amitiés glaciales
Lablonde
www.espacealouer.com
Directrice de location de salle
Tel : 091 45 12 

Envoyé de mon iPhone (illico après réception et sur nerfs tendus).


De : Labrune@sacrementgonfleesouffledivin.org
À : Lablonde@espacealoueradesgogos.com
Le 5 septembre 2014 à 09:01, Labrune <Labrune@egosacresouffledivin.org> s’échauffe:


Je ne désire vraiment pas de malentendus entre nous, Je ne sais pas comment cela ce passe avec les autres intervenants mais tu avais été claire sur le fait que tu envoyais a tes contacts et je te remercie pour cela. Ta participation gratuite pour faire de la pub ne marche pas, puisqu'il aura déjà eu lieu. Je n’ai rien dit mais je n'aime pas la tournure que prends cette situation. et cela n'a rien a voir avec de l'honnêté ou avoir du cœur .

Et puis je ne vois toujours pas notre annonce sur ton site.



Amour, lumière et fulmination
Labrune
www.egosacresouffledivin.org
Labrune Hautbranchee, coach universelle



De : Lablonde@espacemochealouer.com
À : Labrune@sacrementvenere.org
Le 5 septembre 2014 à 09:07, Lablonde <Lablonde@espacealouer.com> s’explique glacialement:


Hello 

J ai bien reçu ton mail , merci.

Je suis persuadée que tu fais un bon travail . Même si je n ai pas eu l'occasion de l expérionter , j y crois . Je t ai trouve sympa via le skype , donc tout était "feu vert". Si je n aurai pas senti cela , je n aurai pas fait de pub.

De mon côté , j ai du payer pour que le technicien mette la pub sur mon site . Comme toi j ai aussi un soucis du quotidien et la réalité des factures universitaires a la fin du mois . Ma fille étudie à Londres et nous devons aller aux Maldives dans trois jours.

Cependant , tu as quand même trouve des clientes (une seule) a travers mon réseau , et tant mieux pour ces personnes de pouvoir avancer , mais serais-tu du coup aussi d accord de payer au moins la moitié : 30 sfr Pour le travail technique qui a été fait que pour cet atelier ? 

Voilà , je désire que paix et lumière et ne veux pas de nœuds entre nous , mais la question me semble légitime .


Amitiés arctiques
Lablonde
www.espacealouer.com
Directrice de location de salle
Tel : 091 45 12 

Envoyé de mon iPhone (tellement énervée que des mots jaillissent intempestivement).



De : Labrune@souflesataniqueparlesnarines.org
À : Lablonde@espaceetprestationspersonnellesafacturer.com
Le 5 septembre 2014 à 09:12, Labrune <Labrune@egosacresouffledivin.org> perd le contrôle:


Coucou

Je voudrais que notre relation reste cordiale, mais je ne peux pas accepter il est inacceptable ta demande non légitime. Comment peut-tu me demander de payer une réparation dse ton ordi dont tu aurais de toutes façons du le faire pour continuer à travailler? Annoncer mon séminaire sur ton site est la moindre des choses gratuites.

J’ai une participante grâce à toi et je t en remercie, et pas mal de gens intérésser, mais personne ne s’est encore inscprit. Quand penses-tu mettre mon annonce sur ton site?



Amour, éclairs et éruption
Labrune
www.egosacresouffledivin.org
Labrune Hautbranchee, coach universelle




De : Lablonde@gogosaplumer.com
À : Labrune@adeuxdoigtsdelacrisedenerfs.org
Le 5 septembre 2014 à 09:07, Lablonde <Lablonde@espacealouer.com> monte les tours:


J ai travaille et travaille encore sur le site avec un technicien  a distance et ce n est malheureusement toujours pas résolu (c’est surtout le technicien qui travaille).

Ensuite , apreès ton insistence, j ai écrit sur le champ a un autre monsieur qui ma déjà A aide avec le site . Évidemment que je n aurais pas fait cette demande de partage des 60 sfr si les choses prenaient la première tournure . Vu que mes efforts ont aussi porte leur fruits et que tu a trouve des clients aussi grâce a cela , je pensais qu on pouvait s imaginer cette solution . 

Bref , j entends que ce n est pas le cas et c est ainsi '

Bon we


Amitiés croygéniques
Lablonde
www.espacealouer.com
Directrice de location de salle
Tel : 091 45 12 



De : Labrune@respireparleventre.org
À : Lablonde@essayépasmarché.com
Le 6 septembre 2014 à 11:14, Labrune <Labrune@egosacresouffledivin.org> calmée après une bonne nuit de sommeil:


Lablonde,

Merci pour tes efforts, j’ai une personne en session privée grâce a toi. Je renonce à louer la salle chez toi car je n’ai pas assez de participants.

J’ai envoyé aussi beaucoup de flyer avec ton site en référence et j'espère que cela portera aussi ces fruits pour des futurs intervenants dans ton Espace qui est très beau (pas vrai).

Tout bon week end



Amour, gloire et beauté
Labrune
www.egosacresouffledivin.org
Labrune Hautbranchee, coach universelle







vendredi 15 août 2014

Pouvoir de masse

Moi, non truc, c’est le zoom arrière. Quand les problèmes semblent énormes et insurmontables, j’ai une méthode qui marche bien, je fais un zoom arrière. Sans blagues, imaginez votre problème, quel qu’il soit, depuis la Lune. 

Mais bon, je ne vis pas non plus sur la Lune en permanence, donc à un moment ou à un autre, le problème reprend une taille suffisante pour me boucher l’horizon. Il faut le résoudre. N’empêche que depuis la Lune, j’ai pu avoir un aperçu d’une plus grande image, et derrière ou à côté du problème, j’ai pu discerner des éléments de solution. 

En ce moment, le monde bouge, vous avez remarqué? Et pas qu’un peu. Le chaos envahit la planète, on est d’accord là-dessus, n’est-ce pas? C’est l’heure du grand n’importe quoi. Ici on fomente la guerre en abattant des avions de ligne, là, on subit une météo dont on se doute qu’elle n’est plus naturelle à l’instar des catastrophes qu’elle provoque, ailleurs, les animaux et la nature sont massacrés sous le prétexte que nous avons faim et que nous avons besoin de pétrole et partout, le système s’effondre dans des aberrations de plus en plus aberrantes. Résultat, c’est l’angoisse qui se généralise.

Et si c’était le but? L’angoisse…
Quel bon moyen de nous maintenir en esclavage. Quoi? Pourquoi je dis «maintenir», mais parce que nous sommes des esclaves depuis un bon moment déjà. Esclaves de notre croyance, que dis-je, de notre foi inébranlable en notre totale impuissance.

Zoom arrière.

Qui alimente le système? Qui donne les moyens à quelques esprits tordus et avides de pouvoir de nous maintenir dans l’esclavage? Mais quel esclavage, au juste? La croyance que tout repose sur l’argent, pour une part. Et que sans argent, rien n’est possible. La croyance que la solidarité n’existe pas. La croyance que nous sommes seuls face à la grosse machinerie et donc, que nous sommes un tout petit pot de terre pas cuite contre un gros pot en acier trempé. 

Rien de plus faux, mais nous regardons tous ailleurs pour ne surtout pas changer cette croyance. Pourquoi? 

Je suis l’évolution du Revenue de Base Inconditionnel. J’adore cette idée, pas vous? Recevoir un revenu de base coquet tous les mois, sans conditions, de la naissance à la mort. Vous dites quoi, si je vous propose ça? Moi, je dis oui tout de suite, hé! Il y a un mot qui me séduit complètement: «inconditionnel». La seule condition: exister. Ouéééé. Joli.

Eh ben non. La masse dit non. Les gens ont peur. D’un tas de choses, mais principalement que les autres soient des grands saboteurs. Saboter quoi? Chacun est libre de vivre chichement d’un RBI ou de l’augmenter d’un salaire. Même si on devient tous des glandeurs, on va continuer à consommer, c’est pas demain que ça va s’arrêter, ça. Et consommer, c’est remettre l’argent dans le système qui nous verse RBI. Gagnant-gagnant. 

Je me connais, moi, le RBI ne va pas me suffire et si j’aime bien glander, ça va cinq minutes. Ce que j’aime surtout, c’est participer, avancer …et consommer. Pour consommer bien, je vais avoir besoin de plus que mon RBI alors je vais aller regarder où il y a besoin de travail pour quel salaire. Il se peut que j’opte soit pour un job idiot mais super bien rémunéré, et que je le fasse peu de temps, le temps de me payer le voyage en Egypte dont je rêve. Ou alors, je vais opter pour un job moins bien payé, mais sympa, utile, avec des collègues joyeux. Ou je vais peut-être carrément m’inventer une activité lucrativo-créative, je ne sais pas encore. Ce qui est sûr, c’est que la joie du travail va revenir. 

Que personne ne m’écrive pour témoigner de comment son travail est joyeux et rentable, vous seriez une exception dans le paysage. Je rappelle que je parle depuis mon zoom arrière et je ne suis même pas sur la Lune, je suis seulement à quelques dizaines de mètres à la verticale de la planète. 

Les personnes interrogées disent d’elles qu’elles seraient les premières à conserver leur travail — gros menteurs pour pas mal d’entre elles qui disent cela parce que l’idée de devoir choisir ce qu’elles feraient de leur journées leur fait peur — mais craignent de rester seules à le faire. Tous les autres, sauf eux, deviendraient instantanément des glandeurs. La grande peur de la solitude face aux autres malveillants, la grande peur d’être écrasé par les autres, la grande peur des autres tout court.

La plus grande hypnose. Celle qui maintient l’incohérence globale. Celle qui est le plus contraire à notre nature profonde. Et comment marche-t-elle, cette grande hypnose? Parce que nous sommes tous d’accord de regarder ailleurs. Par paresse. Tiens, elle est là, la grande paresse du moment, c’est une paresse de l’âme: nous refusons de regarder en nous et d’y trouver l’amour de son prochain, et nous refusons de voir les autres. Pas les regarder, les VOIR. Comme dans Avatar, vous vous rappelez? «Je te vois». Je discerne qui tu es derrière tes voiles et tes masques, je vois ton âme, et je vois que fondamentalement, tu es mon frère.

Mais revenons à nos noutons. Tiens, oui, des moutons, justement. Qui, disais-je, maintient le système actuel en place? Qui finance les guerres fomentées? Qui remplit les caisses de l’État? 

Le troupeau des moutons que nous sommes qui cautionne tous les jours ce qui est en place de chacun de ses gestes. Le troupe continue à consommer à outrance et sans discernement, le troupeau continue à s’abrutir d’un emploi épuisant — pas physiquement, et c’est là la grande habilité, mais psychologiquement — et de programmes télé débilitants. Le mental ainsi monopolisé, le QI du troupeau est particulièrement bas, voire inexistant. Le troupeau marche là où on lui dit de marcher, le troupeau se sent fort en troupeau, et quand un mouton s’échappe, il est vite remis dans le rang par le chien qui aboie. Un seul chien pour tout un troupeau, soit dit en passant.

Nous sommes tous responsables, chacun et collectivement, de ce qui nous arrive. Ce n’est la faute de personne d’autre que nous-mêmes. Mouton individuel et troupeau. ET troupeau. Le troupeau, c’est nous. Moi, toi, elle, lui… Non, j’insiste, parce que je vois bien que le troupeau n’entend toujours pas. Pour pas mal d’entre nous, le troupeau, c’est les autres.

S’il entendait, le troupeau deviendrait intelligent. Pour l’instant, aveugle et sourd, il est d’une stupidié incommensurable. 

Il devient un peu prêchi-prêcha, mon article non?

Voyons. Comment changer de registre?

Peut-être en disant que si je fais ainsi état de ce que je vois, nous en troupeau docile, c’est parce que de là où je suis en zoom arrière, je vois aussi et surtout des moutons se transformer en humains. Ils se relèvent sur deux pattes et, les yeux ouverts au-dessus de la laine des autres, ils se mettent à regarder. D’abord en eux. Ils découvrent qu’ils sont bien plus que ce qu’ils croyaient être jusqu’ici et ils commencent à croire en eux-mêmes. C’est joli, ça fait une belle lumière autour d’eux. Cette lumière accroche le regard d’autres moutons qui, à leur tour, secouent leur toison de laine et lèvent le nez du ras du sol. 

Ce qui nous manque encore, en tant que collectivité humaine, c’est de croire en nous en masse. Nous faire confiance les uns les autres. J’ignore combien de temps ça va encore prendre, mais je suis convaincue que ce n’est plus très long. 

Je ne dis pas que l’homme est bon, je dis que l’homme a le même potentiel de bien que de mal, et qu’il doit choisir. Et ne pas choisir n’existe pas. Quand l’homme ne choisit pas, il donne sa voix à la majorité, même quand cette majorité n’est qu’une minorité de fait. Y’a qu’à voir les élections. Ceux qui ne votent pas donnent leur voix à la majorité qui le fait. C’est ainsi qu’on se retrouve avec des hommes politiques qui ne nous plaisent pas. Bien fait, y’avait rien qu’à aller voter.

Donc, tant que nous ne décidons pas consciemment et concrètement, individuellement d’abord et collectivement par la force des choses, la réalité suit le cours de ceux qui décident. Eux. Quand le troupeau aura compris cela, le troupeau décidera peut-être de décider quelque chose de bien lui.

Je joins une petite video de démonstration qui m’a bien plu et qui a motivé cet article. J’ai la conviction que c’est une fiction, mon zoom arrière me dit qu’une telle «marketeuse» n’existe pas encore, mais le message est fort.

La video suivante, en revanche, est le reflet de la réalité, et je ne me lasse pas de celle-là dont le message, au fond, est le même.


Les secrets du marketing



Jill Bolte Taylor



Bon choix tout le monde.






mercredi 13 août 2014

Voyage en absurdie

Un de mes amis facebook publie ce matin :

«Ah ben si j’avais su…!»

C’est tout.

Et ça marche. Un maelström d’émotions se déchaîne en moi. D’abord, la curiosité:

«Ben, si t’avais su quoi, Gérard?» me demandé-je in petto.

Le sentiment qui m’envahit est ensuite est la sollicitude. Manifestement, il a des soucis, mon copain, et je lui proposerais bien mon aide, mais comment savoir de quoi il a besoin? Comme il n’a pas daigné écrire la suite, je ressens juste après une légère colère. Un petit agacement. Gérard doit bien se douter qu’avec une réflexion de ce genre, les lecteurs vont être piqués au vif.

C’est un autre ami, Robert, qui pose la question:

— Que se passe-t-il, mon pote?

Et la réponse, destroy :

— Rien, je me comprends. Un mauvais moment qui est passé.

Comment je fais pour me retenir d’écrire une réflexion rageuse, je l’ignore. Il fait exprès Gérard? Il doit se douter que c’est agaçant, ce genre de commentaires elliptiques, non? 

Mais je suis une grande fille qui gère ses émotions, alors je me calme. Je me dis que peut-être, Gérard n’a pas envie de raconter son histoire publiquement, il en a bien le droit, après tout.

MAIS ALORS POURQUOI IL A MIS CETTE RÉFLEXION EN PREMIER LIEU ?????

Argh, non, non, j’ai dit que je restais zen.

Mais qu’est-ce qui lui arrive à Gérard, nom d’un chien… C’est grave? Non, ben je m’en fous, après tout, s’il ne veut pas en dire plus, c’est qu’il n’a besoin de rien.

MAIS ALORS POURQUOI IL A ÉCRIT CELA?

Exprès pour piquer la curiosité? Pour se faire remarquer? Non, franchement, c’est quoi le but? N'a-t-il pas pensé à la réaction des ses amis en le lisant? Ou alors il est con. C’est un gros égoïste qui ne pense qu’à lui, rien à foutre des autres. Décevant.

Oh la la, tout ça pour une petite réflexion sur le mur facebook? Qu’est-ce qui m’arrive? Je ne vais pas bien, devrais-je consulter?

Ah non, hé, ho, c’est pas mon problème, cette histoire, c’est celui de Gérard! C’est lui qui est grave.

Bon, j’arrête. Il fait beau, la vie est belle, je refuse de laisser ma belle humeur être assombrie par des faux amis qui n’ont pas de considération pour les leurs.

Mais ce qui est sûr, c’est que le prochain qui fait ce coup-là, je le vire de mes amis.

Hop.

Non mais.


mardi 20 mai 2014

Big bug

Je me promenais récemment dans la campagne environnante, tandis que mon esprit, lui, vagabondait dans le cosmos. Aux confins de celui-ci, pour être précise, car je méditais sur le big bang. Alors que je me rendais compte que je n’avais pas la notion exacte de la théorie, il me semblait me souvenir qu’elle disait qu’un jour, paf, à partir de rien, l’univers est apparu et depuis, il est en expansion. J’ai fait une note interne: «vérifier cette information».

Comme je ne suis pas (encore) branchée sur internet télépathiquement, j’ai laissé mon esprit poursuivre et il s’est alors engagé un dialogue avec la voix intérieure:

— Je ne gobe pas, a-t-il affirmé péremptoirement.
— Quoi ? a demandé la voix.
— Le big bang. Il est dit: «rien ne se crée, rien ne se perd», impossible, dès lors, qu’une création émane d’un rien. Tout obéit à une logique. Je veux bien, cependant, concéda-t-il, envisager un big bang qui serait le point de départ de la création telle que nous l'expérimentons. Je verrais bien un seuil entre deux créations tellement différentes l'une de l'autre qu'il nous est difficile, voire impossible de la concevoir, cette autre création d'avant la nôtre. C’est pourquoi nous imaginons qu’il n’y a qu’une seule création, la nôtre. Ma théorie m’arrange bien, parce qu’elle expliquerait les trous noirs: j’imagine une création aspirée par le trou noir qui serait alors une sorte de tunnel, un trou de ver par lequel elle, la création, ressortirait de l'autre côté. Inversée, pourqoi pas? Comme une chaussette qu'on retourne. 

Que le lecteur plus avisé que moi ne se gausse pas, je rappelle qu’il s’agit d’une balade méditative du dimanche après-midi avec l’esprit en roue libre.

Toujours les rênes longues, mon esprit continuait ainsi à divaguer sur les vagues du petit lac de ses connaissances quand la voix m'a fait un coup auquel je ne m'attendais pas. Elle a demandé avec aplomb:

— Où est-il écrit que tout est logique? 

Excellente question, n'est-ce pas? Je me suis alors projetée dans un espace nouveau pour moi où la logique ne s'appliquerait pas. L'idée m'a fait quelque peu vaciller, parce que je me rends compte que ma cosmogonie personnelle repose sur ce postulat. Au point que quand quelque chose ne paraît pas logique, j'en déduis qu'elle existe quand même quelque part, la logique, mais qu'elle m'échappe, car  je ne sais pas tout. Je pense que la plupart des théories, sinon toutes, adoptent le même postulat, mais j’ai soudain un doute. J'ajoute sur la note interne de vérifier cela aussi. 

Nobostant, je poursuis dans le but de répondre à la question de la voix, et je contemple les deux mondes, celui avec et celui sans logique. Si, dans le premier, tout s’enchaîne dans une succession d’actions et de réactions, je ne peux m'empêcher de supposer une intention de départ. Quelqu'un ou quelque chose aurait déclenché le mouvement. Quelque part, une source ou un créateur nous aurait désirés, je crois que les théories sont unanimes sur ce point, même si tout le monde n'est pas tout à fait d'accord sur l'identité du créateur en question.

Imaginer soudain un monde où la logique ne serait pas une loi universelle me fait voir les choses sous un autre angle et les questions affluent. Comment cette création fonctionnerait-elle? Par une suite de hasards? Nous, la création, la biologie, serions… quoi? Un hoquet cosmique, une surprise, un événement inattendu? Un bug?

Un big bug.






jeudi 3 avril 2014

En voie de disparition

En ce beau début d’après-midi de printemps, après une heure de gym, nous décidons, deux copines et moi, de boire un verre de quelque chose de bien frais au soleil. Justement, pas loin, il y a le restaurant qui porte le nom d’une danse légère, «…telle qu’on la dansait autrefois» chante Yves Duteil, avec une terrasse sympa, bien orientée, juste ce qu’il nous faut. Tranquillement, nous choisissons une table pour trois parmi plusieurs tables libres et nous nous installons. Le serveur arrive, sourcils froncés:

— Non, pardon, zé souis désolé, mais vous ne pouvez pas vous asseoir comme ça. Vous dévez attendre qu’on vous place, vous né pouvez vous asseoir comme ça.

D’un ton désagréable, il nous réprimande comme des gamines. Il n’est pas du tout sympathique, ce monsieur. Zut, tout allait bien jusque-là. Il dit quoi, exactement, l’énergumène? «Pas nous asseoir comme ça», alors comment? Y a-t-il plusieurs façons de s’asseoir? Je tente de garder un ton neutre, mais il doit comporter un zéphyr de sarcasme quand je demande:

— Ah bon? Vous ne faites pas restaurant?
— Si, Madame, si. Mais quand j’arrive dans un restaurant, moi, j’attends qu’on me place.

Une nouvelle mode, j’imagine. Qui ne me plaît pas plus que son accueil peu avenant. Bon. Admettons. J’enchaîne:

— Et là où nous sommes assises, ça va ou pas?
— Je ne sais pas, Madame, c’est pourquoi?

J’hésite à la jouer façon Bigard et à répondre «c’est pour un tennis». Pas sûre que ça le fasse rire. Je le rassure, gentiment, cette fois:

— C’est juste pour boire un verre.
— Oui, parce que la cuisine, c’est fermé, nous ne faisons plus à manger, et servir un verre, nous ne faisons pas non plus.

Ils font quoi, alors? Du tennis?
J’ai la moutarde. Intérieurement, je hurle un ras le bol général de ce monde qui part en c… quenouille, j'insulte ceux qui gâchent le printemps, j’énumère un certain nombre d’animaux et quelques injures du capitaine Haddock. Alors que nous avons quitté sa terrasse, il insiste, le fâcheux.

— Non, mais zé souis désolé, mais…

Quoi? Mais il me cherche! Il voudrait que je parte heureuse, par-dessus le marché?

— Ne soyez pas désolé, vous gérez votre entreprise comme bon vous semble, mais avec un tel accueil, sachez que vous n’être pas près de me revoir.

Il répète que ça ne va pas de s’asseoir comme ça, sur sa terrasse sans demander, il n’a jamais vu ça, quand on arrive dans un restaurant, on attend d’être placé. Il semble vraiment traumatisé par notre manque d’étiquette. Nous parlons en même temps dans le registre marchand de poissons.

— …Et perdre des clients comme vous, c’est pas grave, j’ai pas besoin de gens comme vous.

Ah voilà! Lui, il choisit ses clients. Je m’imaginais naïvement que quiconque pouvait venir s’asseoir, comme ça, à une table, choisir quelque chose à boire et/ou à manger, payer et s'en aller. J’ai dû rater une étape évolutive dans les moeurs de la restauration ou je n’y connais vraiment rien en marketing. Ou alors je suis d’une autre planète. Possible. Vu le ton de la conversation, je n’ai qu’une envie, aller boire ailleurs si j’y suis.

N’empêche que je reste avec plein de points d’interrogation. Voilà un patron qui dispose d’un endroit stratégique, d’une terrasse bien orientée dans un quartier passant de la périphérie de Genève, il sert à manger entre midi et treize heures trente et en suite, …quoi? La sieste? Autre chose: pourquoi le nom d’une danse pour une pizzeria?

Plus tard dans la journée, je suis en ville de Genève, place Neuve. La terrasse du Dorian est aussi accueillante que le panneau qui indique: «ouvert de 6h45 à minuit, restauration permanente» . De fait, deux hommes dégustent un appétissant plat de pâtes en plein milieu de l’après-midi. Ouf, le monde que je connais n’a pas totalement disparu. Je redeviens la fille agréable et souriante que je suis.

Il ne le sait pas, mais le serveur qui m’accueille chaleureusement et qui plaisante volontiers, je l’aime de tout mon coeur!





dimanche 30 mars 2014

Le changement en douceur

Je ne sais pas vous, mais moi je suis comme Lou, j’en ai marre :

Message à la France du non formatage

Mon plus grand ras le bol, c’est la haine. J’ai une soif inextinguible de paix, d’amour et de joie, soif d’un monde Bisounours. Rien ni personne ne peut m’empêcher non seulement d’en rêver, mais d’œuvrer pour qu’il voie le jour, c’est pourquoi je réponds ici à l’appel de Lou, je joins ma voix à la sienne pour dire aussi posément qu’elle que j’aspire à un monde idéal et que je sais que nous en sommes capables. Une action pour laquelle on me taxera une fois de plus d’utopiste ou d’idéaliste, une remarque que je prendrai une fois de plus comme un honneur, car de tous temps, seuls les utopistes ont changé le monde.

Je me suis souvent demandé pourquoi personne ne bougeait, parce que nous sommes beaucoup à ne pas être contents de la situation actuelle, n’est-ce pas? En 1789, les Français ont pris la Bastille parce qu’ils estimaient payer trop de taxes. Aujourd’hui, ces taxes ont décuplé et personne ne descend dans la rue, pourquoi? Lobotomisation de masse? La télé qui nous abruti? Une vaste cabale pour faire de nous des moutons? En 1789, les citoyens avaient faim, ce qui n’est pas le cas de nos jours. On mange « de la merde » comme dit Jean-Pierre Coffe, mais on mange. Machiavélique calcul d’une élite noire à l’œuvre pour maintenir les masses en esclavage? L’idée est séduisante, mais les masses sont notoirement stupides, l’avidité ne possède aucune intelligence, l’égoïsme sépare et il en faut une bonne dose pour vouloir le pouvoir suprême.

Non, l’intelligence, la vraie, celle du cœur, est en train d’émerger et elle balaye tout en douceur, bien plus efficacement qu'une révolution sanglante. « Nous » est en train de naître et rien ne pourra nous arrêter. L’illusion que nous sommes séparés et dangereux les uns pour les autres est en train de tomber. « Nous » ne veut plus de morts au champ de bataille, « nous » ne veut plus s’auto-détruire. « Nous » veut exister dans la paix et l’harmonie, « nous » veut créer et s’aimer. Nous commençons à croire en « nous » en tant que créatifs. La preuve :

À Saillans, les 1199 habitants ont tous été élus au premier tour !

Imagine, comme disait Lennon.
Nous sommes en train de passer du rêve à la réalité et c'est très joli.










dimanche 2 mars 2014

Progrès

Il intervint timidement:
—Oui, mais les robots, même s’ils remplacent toutes les tâches, n’auront jamais ce que nous avons: la conscience.
Sa remarque provoqua deux secondes d’un malaise flottant. On sentait que tous visualisaient la scène d’une technologie omniprésente qui ferait tout le travail. La journaliste balaya:
—Oui, bon, d’accord, mais les robots et la technologie qui remplacent tout, c’est une science-fiction déjà éculée. Ce que sera le futur, on ne peut pas le savoir.

Fondu-enchaîné, la scène suivante se déroule sur le même plateau de télévision, trente ans plus tard. Les invités sont parcourus d’un frémissement joyeux.
—Ah ah ah, leur conscience, commenta le présentateur. Rappelez-vous, on savait dès le départ que leur conscience était la clef. Impossible à éliminer à moins d’éradiquer l’humanité de la surface de la planète. La seule solution, c’était de les endormir en leur fournissant du prêt-à-penser, c’est ce qu’on a fait et ça a marché mieux qu’on ne l’avait espéré. Au point que même quand un insomniaque
du genre du grand, là, assis à côté du philosophe, qui non seulement comprend la vérité mais l’expose clairement, les autres, endormis, ne réagissent pas.
—Oh oui, je me rappelle, on y est allé fort, au début, intervint un invité. Il a falllu doser et les manipuler pour qu’ils croient qu’ils étaient libres d’innover. On a même mis des robots contestataires pour leur laisser croire que toute révolte n’était pas étouffée, que l'indignation existait encore. Mais personne n'a jamais bougé, puisque c'était nous.
—Vous avez vu la journaliste comme elle était incapable d’imaginer ce qui pourtant était en train d’arriver sous ses yeux? Comme c’était drôle! «De la science-fiction éculée», disait-elle. «On ne peut pas savoir ce que sera le futur». Ah, ah! Bien sûr que non, puisque c’est nous qui le contrôlons, le futur. «C’est la mère nature, c’est Gaïa qui va décider». Ah, ah, ah! Ils donnent leur pouvoir à des entités qui n’existent pas dans l’espoir qu’elles vont le leur retourner. Gaïa, le père Noël, les guides spirituels... quel meilleur moyen de les paralyser totalement?
—J’adore ces émissions comiques, dit un autre invité en essuyant ses larmes de rire. S’ils savaient, ces pauvres humains, qu’il suffirait qu’ils l’utilisent, leur conscience, pour décider de leur futur. Je ne pensais pas que ce serait si drôle de leur faire croire qu’ils sont impuissants.
—J’ai bien aimé ce petit moment où il a parlé de la conscience, le vieux philosophe, dit un invité d’une voix douce. Il y a eu une onde de vie, un moment humain particulier. J’aime bien les humains, moi.
—Tu es une vraie fleur bleue, toi, dirent tous les autres robots en choeur d’une voix métallique.



mercredi 22 janvier 2014

Electrosmog

Lundi matin, panne d’internet.
La semaine commence mal, c'est grave.
Je vis sur internet, mon activité principale étant du télétravail.

Je me mets en mode dépannage et pars à la recherche de la cause de la panne.  Ma mère avoue qu’elle vient de passer la poussière mais me jure qu’elle n’a fait que caresser les appareils avec le plumeau, impossible de les avoir déconnectés avec autant de douceur. Je la crois. Je vérifie les connexions, les prises, les fils, tout est en place.

Je conclus que c’est le effahi — pour «Fournisseur d’Accès Internet» et je compose le numéro de la hotline du Soleil Levant (nom de code de mon opérateur pour ne pas le nommer). Je tape 2 pour le français, encore une fois 2 pour un problème technique et 3 pour avoir un technicien. Une voix m’avertit que pour des raisons pédagogiques, cette conversation sera enregistrée, et puis mon tympan explose sous les décibels d’une symphonie aussi improbable que désagréable. J’attends. Longtemps. Je me dis que je vais mettre le haut-parleur et faire autre chose pendant ce temps; je me trompe de touche, je coupe la communication.

Je respire.
Je recommence. Mêmes numéros, même symphonie et cette fois, je fais gaffe, je mets les bonnes lunettes pour ne pas louper la touche haut-parleur du téléphone. Ma mère arrive un peu affolée, c’est quoi ce bintz? C’est la musique d’attente de la hotline, non, Maman, je ne peux pas mettre moins fort.

Enfin, on me répond, avec un fort accent asiatique.
— Bonjour, mon nom est Chen N’guyen, merci pour votre patience, que puis-je faire pour vous aider?
J’ai décidé d’être charmante.
— Eh bien vous pouvez dépanner mon internet…
Je lui raconte mes misères. Elle demande mon numéro de téléphone pour «m’assurer de votre identification». Mais comment donc! Elle veut aussi ma date de naissance et mon adresse, j’énumère mon pedigree de bonne grâce.

Elle est plutôt efficace, la dame. Elle vérifie la connexion de son côté, me demande de réinitialiser mon modem, essaye encore autre chose et finit par diagnostiquer que c’est le modem. En fait, c’est un vieux modem auquel j’ai couplé un routeur wifi, et c’est ce routeur qui a lâché. La dame efficace de chez Soleil Levant m’arrange le coup en deux coups de cuillière à pots:
— On vous envoie un nouveau modem avec wifi intégré, c’est gratuit, vous le recevrez demain.

Woah… Contente, la cliente! (C’est-à-dire moi.)
Que demander de mieux, franchement? Un jour sans wifi, je crois que je vais tenir le coup.

Sauf que le lendemain, pas de paquet.
Je tiens moins bien le coup que je pensais, alors dans l’après-midi, je rappelle la hotline. Les numéros, une nouvelle lésion tympanique, un accent nord-africain, cette fois. Je raconte tout et je demande si le paquet est bien parti la veille ?
— Ouiii oui. C’est parti, me répond le préposé sur un ton très rassurant.
Il ajoute que si le paquet n’est pas arrivé aujourd’hui, il arrivera sûrement demain. Bon sang comme j’ai bien fait d’appeler!

Sauf que le lendemain, toujours pas de paquet.

Après avoir impatiemment attendu d’être bien sûre que le facteur des paquets avait fini sa tournée même avec plein de retard et non sans avoir proféré à son encontre et à l’encontre de son employeur des pensées non avouables sur un blog public, je rappelle la hotline. Numéros, aggravation de la lésion tympanique, je vais finir sourde, c’est sûr, accent franchement noir. Le préposé, toujours charmant, me dit qu’un ordre a été donné lundi, que c’est sûr que le paquet n’est parti que mardi, et que s’il n’est pas arrivé aujourd’hui, mercredi, c’est sûr, il sera là demain. Toutes ces certitudes, c'est magnifique!

Sauf que le lendemain et le surlendemain, toujours que dalle. Jeudi, je décide de me reposer. Non, je n’appellerai pas la hotline, mon tympan n’y résisterait pas. C’est jour de Pleine Lune, je ne réponds pas de moi.

Mais comme vendredi, toujours rien, je rappelle une nouvelle fois avec l’intention chevillée aux tripes que c’est aujourd’hui qu’il se passe quelque chose, parce que le week-end sans wifi, ça va pas le faire du tout, du tout!

Les numéros, je ménage mon tympan en changeant d’oreille et en posant l’appareil à l'autre bout de la pièce et j’attends. Entre temps, j’ai lu la littérature reçue lundi de la maison Soleil Levant. Un bulletin d’inscription à un nouvel abonnement que j’avais méprisé sur le moment, seulement intéressée par la réception du modem promis. Soudain, une intuition me foudroie: qu’est-ce qu’on parie qu’ils n’ont rien envoyé du tout et qu’ils attendent une signature sur ce truc pour non seulement m’envoyer le matériel promis, mais me manger encore plus de laine sur le dos? La moutarde me monte au nez.
— Bonjour, mon nom est Daouda M’dala m’dala, merci de votre patience, que puis-je faire pour vous aider?
Je me contiens du mieux que je peux, mais je suis pô contente. J’explique une fois de plus toute mon histoire après avoir décliné à nouveau ma date de naissance et mon adresse, indispensables à toute poursuite de communication. Pauvre Daouda. Il va ramasser pour tous les autres.

Attention, mettons-nous bien d’accord: je n’ai rien contre les accents, je n’ai rien contre les opérateurs, qu’ils soient du Soleil Levant, du Gagnant Bleu ou de la couleur d’un fruit exotique, qui délocalisent leurs hotlines dans les pays du Magreb ou à Madagascar, je n’ai rien contre les jeunes et j’aime la différence. En revanche, rien ne m’énerve plus que l’incompétence, la bêtise et le mensonge et j'apprécie mieux une conversation de dépannage technique quand mon interlocuteur possède le vocabulaire pour le faire.

Il va y avoir du sang chez Soleil Levant. J’expose ma façon de penser à la fois à Daouda et à l’enregistreur. Je dis que je n’ai rien contre un nouvel abonnement, mais qu’on me le signifie clairement, que je constate qu'on me raconte des bobards depuis lundi, que je suis en manque de wifi et que c’est douloureux, et qu’est-ce qu’il a exactement à me proposer, lui, Daouda, pour que j’aie une connexion wifi MAINTENANT?

Il a une inspiration divine, il me suggère le shop. Peut-être que là, mais c’est pas sûr, parce que tous les shops ne le font pas, mais peut-être que je pourrais me faire prêter un modem en attendant que je signe l’inscription et que je reçoive le modem prévu avec ce forfait. Un truc génial, moderne, miiiiille fois plus rapide que tout ce que j’ai pu connaître jusqu’ici, qu'il dit. C'est pas ce qui m'intéresse, moi,  je m’en fous, je veux un wifi MAINTENANT!

In petto, je décide de descendre en ville, et ils auront intérêt à me fournir un modem, sinon, je fais une prise d’otages, moi! Je précise encore à Daouda que je sais bien que ce n’est pas de sa faute, que je ne suis pas fâchée contre lui mais contre le Soleil Levant, et que ce serait bien qu’on raconte pas n’importe quoi aux clients. Non mais.
— Oui, Madame. Bien, Madame. Avez-vous une autre question?
Argh, la question formatée qui tue. Je suis sûre qu’elle est écrite sur une feuille devant lui et qu’il coche le petit carré à côté quand il l’a lue au téléphone.
— NNNNNNAN ! C’EST BBBON ! J’AI FAIT LE TOUR, LÀ !!!

Pardon, Daouda, c’était rien de personnel. Une mauvaise pleine Lune, c'est tout.

Dans l’heure qui suit, je me retrouve en face de Karim, au Soleil Levant shop. Un débutant. Décidément, le ciel aura testé ma patience jusqu’au bout. D’abord, il m’a dit qu’il ne croyait pas, non, qu’on prêtait des modems. Et il a tout de même posé la question d'un ton morne à son voisin qui a répondu sur le même ton morose. Il a  dit oui, on prête des modems.

À partir de là, je suis redevenue la bonne fille bien éduquée qu’on connaît.
Mais ça me laisse songeuse sur les ravages des ondes wifi, tout de même…