Je me promenais récemment dans la campagne environnante, tandis que mon esprit, lui, vagabondait dans le cosmos. Aux confins de celui-ci, pour être précise, car je méditais sur le big bang. Alors que je me rendais compte que je n’avais pas la notion exacte de la théorie, il me semblait me souvenir qu’elle disait qu’un jour, paf, à partir de rien, l’univers est apparu et depuis, il est en expansion. J’ai fait une note interne: «vérifier cette information».
Comme je ne suis pas (encore) branchée sur internet télépathiquement, j’ai laissé mon esprit poursuivre et il s’est alors engagé un dialogue avec la voix intérieure:
— Je ne gobe pas, a-t-il affirmé péremptoirement.
— Quoi ? a demandé la voix.
— Le big bang. Il est dit: «rien ne se crée, rien ne se perd», impossible, dès lors, qu’une création émane d’un rien. Tout obéit à une logique. Je veux bien, cependant, concéda-t-il, envisager un big bang qui serait le point de départ de la création telle que nous l'expérimentons. Je verrais bien un seuil entre deux créations tellement différentes l'une de l'autre qu'il nous est difficile, voire impossible de la concevoir, cette autre création d'avant la nôtre. C’est pourquoi nous imaginons qu’il n’y a qu’une seule création, la nôtre. Ma théorie m’arrange bien, parce qu’elle expliquerait les trous noirs: j’imagine une création aspirée par le trou noir qui serait alors une sorte de tunnel, un trou de ver par lequel elle, la création, ressortirait de l'autre côté. Inversée, pourqoi pas? Comme une chaussette qu'on retourne.
Que le lecteur plus avisé que moi ne se gausse pas, je rappelle qu’il s’agit d’une balade méditative du dimanche après-midi avec l’esprit en roue libre.
Toujours les rênes longues, mon esprit continuait ainsi à divaguer sur les vagues du petit lac de ses connaissances quand la voix m'a fait un coup auquel je ne m'attendais pas. Elle a demandé avec aplomb:
— Où est-il écrit que tout est logique?
Excellente question, n'est-ce pas? Je me suis alors projetée dans un espace nouveau pour moi où la logique ne s'appliquerait pas. L'idée m'a fait quelque peu vaciller, parce que je me rends compte que ma cosmogonie personnelle repose sur ce postulat. Au point que quand quelque chose ne paraît pas logique, j'en déduis qu'elle existe quand même quelque part, la logique, mais qu'elle m'échappe, car je ne sais pas tout. Je pense que la plupart des théories, sinon toutes, adoptent le même postulat, mais j’ai soudain un doute. J'ajoute sur la note interne de vérifier cela aussi.
Nobostant, je poursuis dans le but de répondre à la question de la voix, et je contemple les deux mondes, celui avec et celui sans logique. Si, dans le premier, tout s’enchaîne dans une succession d’actions et de réactions, je ne peux m'empêcher de supposer une intention de départ. Quelqu'un ou quelque chose aurait déclenché le mouvement. Quelque part, une source ou un créateur nous aurait désirés, je crois que les théories sont unanimes sur ce point, même si tout le monde n'est pas tout à fait d'accord sur l'identité du créateur en question.
Imaginer soudain un monde où la logique ne serait pas une loi universelle me fait voir les choses sous un autre angle et les questions affluent. Comment cette création fonctionnerait-elle? Par une suite de hasards? Nous, la création, la biologie, serions… quoi? Un hoquet cosmique, une surprise, un événement inattendu? Un bug?
Un big bug.
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