lundi 10 juin 2013

Dahab


Du 6 au 10 juin 2013


De tous les trajets effectués pendant mon voyage, celui-ci est le pire. Même dans le bus le plus confortable avec un air conditionné parfaitement réglé (et ce n'est pas le cas ici, vous l'aurez compris), dormir assis est le pire. Non, malgré le conseil insistant d'une amie, je n'ai pas acheté cette horrible bouée à mettre autour du cou pour empêcher la tête de dodeliner pendant un sommeil assis. L'eussé-je fait —comment je châtie mon français!—, cela eût été totalement vain pendant ce trajet-là. Nous avons eu droit à …tout. La famille, sympathique au demeurant, mais envahissante, avec bébé et petit «trois ans» tous deux également insupportables. Mignons, mais insupportables; le premier pleurant très fort pile pendant les moments calmes quand il y en a eu, et le second s'amusant beaucoup à allumer les lumières au-dessus de son siège qui, bien évidemment, nous éblouissaient directement.

En plus de cela, une musique arabe diffusée très fort, peut-être dans le but d'empêcher les enfants de dormir, dans ce cas, ce fut réussi, puis un DVD démarré à une heure déjà indue de la nuit, un film avec un José Garcia arabe hyperactif qui aurait abusé de la cocaïne, là encore, le son poussé au plus fort histoire que les bancs du fond n'en perdent pas un décibel.

À deux heures du matin, un stop. Probablement une pause pour le chauffeur, mais tout le monde descend et déguste un snack aux odeurs de kebab envahissantes. Tout cela dans une ambiance dynamique et sonore, deux heures du matin étant l'heure idéale pour les plaisanteries et les bavardages, c'est bien connu.

Comment nous avons réussi à dormir tout de même reflète de la miraculeuse capacité du corps humain à s'adapter.



Nous arrivons à Sham-el-Sheik aux aurores et devons patienter une heure avant d'attraper un bus pour Dahab. Là encore, je suis fascinée par le bruit, à tel point qu'à un moment, les décibels sont tellement agressifs que je sens monter une grosse colère en moi. Je m'entends (tout juste) penser: «Mais est-il possible qu'il y ait plus de bruit?». Un vendeur de sodas a mis une musique à fond sur une petite chaîne hi-fi. Les cars font du bruit, les gens se parlent en hurlant, pourtant, la foule est clairsemée, il n'y a pas tant de monde sur cette gare routière.

Plutôt que d'extériosier ma colère par le cri primal que préconise Bigard et qui me soulagerait bien, je pars dans une réflexion intérieure. Douze heures de bus dans le bruit incessant, je pense au bébé et au développement de son cerveau: d'emblée programmé à être abruti. Comment ensuite réfléchir à soi, sa vie, ses besoins et ses désirs quand même les heures de repos sont envahies par des distractions sonores paroxystiques qui semblaient parfaitement normales pour tous ces gens? Je viens de lire un article sur la manipulation des masses, la distraction par le bruit et les sujets futiles en est une...

Le bus jusqu'à Dahab est plus calme, et nous trouvons un très joli hôtel géré par une australienne exubérante et fort sympathique.

Et depuis notre arrivée le 6 juin, nous posons notre flemme. Plage, baignade, bon repas, viande pour Olivier qui doit se refaire des muscles et fruits de mer pour moi. Le poisson est frais du jour, il est délicieux! Nous faisons des heures au bord de l'eau. Les restaurants fournissent des «sun beds» (des transats) sur lesquels nous pouvons rester toute la journée, du moment que nous consommons au bar. Et il ne faut pas nous pousser beaucoup, ils proposent des jus de toutes sortes, des milk shakes onctueux, une boison fraîche à l'hibiscus et, le top du top, du jus de lime et de la menthe fraîche. Sans oublier la goyave ni la mangue…

On le sait, ma garde-robe a été carbonisée un certain jour de mars, y compris mes maillots de bain. J'étais donc partie sans, ne prévoyant pas de baignade en Inde. Mais en Egypte, et au bord de la mer rouge, voilà une pièce de vêtement devenue indispensable. Après avoir tout de même regardé, en vain, pour m'en acheter un à Alexandrie, je DOIS en trouver un ici. Je m'enquiers auprès de l'Australienne sympa de l'hôtel qui me conseille de ne pas m'attendre à une bonne qualité, certains maillots pouvant lâcher au bout de deux jours…
—Welcome to Egypt! commente-t-elle.

Mh… Je fais quelques  boutiques et ma quête devient hilarante. Je demande un «bathing suit» (maillot de bain) pour moi, et comme ils ne comprennent pas tous, je précise : «bikini». Moment furtif de stupeur, voilà une chose qu'ils ne vendent pas souvent. Mais louper une vente est encore plus improbable, donc, ils cherchent. Vite.
—For you? What size? Large? Two pieces? Wait, Madam…
Et le vendeur disparaît. J'ai pas des masses de patience, et au bout d'une minute trente de poireauter toute seule dans la boutique qu'il a désertée, je décide de partir. Il revient avec cinq modèles hideux qu'on dirait extirpés d'un container de dons d'habits. Je jette tout de même un œil; sur les cinq, pas un dans lequel il paraît raisonnable que je rentre. Merci beaucoup, mais non merci, et l'argument «trop petit» m'évite de dire «trop moche». Je fais ainsi deux ou trois boutiques pour finir par me retrouver dans celle où chaque vendeur est venu en vitesse attraper quelques modèles pour me les proposer dans leur boutique.

Après bien du mal, un modèle pas trop vilain et dans lequel je rentre tout juste. (Et grâce au fait que j'ai encore posé des kilos, parce que je suis la première surprise de rentrer dedans). Reste l'étape marchandage. Et si je finis par le prendre à un prix plus que correct, c'est bien parce que je me doute que je n'en trouverais pas un autre dans tout Dahab.

Quand je croise l'Australienne rigolotte, je lui fais part de ma trouvaille:
—Like you said: I found one that might last one week, and I took the less ugly (Comme vous me l'aviez dit: j'ai trouvé un modèle qui durera peut-être une semaine, et j'ai pris le moins moche).
—Good choice! (Bon choix)
Et nous rigolons ensemble.

Il me faudrait également un débardeur et un short. Je trouverai un joli petit top dans les mêmes conditions de choix, quant au short, je serai bredouille. Les vendeurs, prêts à tout pour réaliser une vente, me proposent tous les modèles hommes, y compris les shorts prévus pour la baignade avec filet de contention à roubignolles en me disant d'un air convaincu:
—Yes, for ladies too. (oui, pour les femmes aussi).
Là, je me fiche d'eux ouvertement, tout de même…

J'opterai finalement pour une petit jupe blanche que j'arriverai à négocier presqu'au tiers du prix de départ et c'est sans faire exprès. Quand il m'articule le prix, je me dis que bon, tant pis, je ferai sans short et sans jupe et je décide de renoncer. Mais pas le vendeur. C'est lui qui baissera son prix, je ne monterai le mien que d'un chouïa.

Nous comprenons un ou deux jours plus tard que nous sommes en pleine saison touristique et …qu'il n'y a vraiment pas grand monde pour la saison. C'est effectivement très calme. Un soir, nous avions choisi un restaurant plus loin, là-bas, mais en passant cet autre, le responsable nous dit «50%». Wouah, nous nous laissons convaincre, tu parles! D'autant qu'ils sont tous bons, ces restaurants, et tous très agréables.

Nous allons rester ici encore quelques jours. Demain ou après-demain, nous irons faire une excursion, c'est encore à l'état de débat, mais probablement voir le lever du soleil depuis le Sinaï. Et puis il y a des grottes aux roches de couleurs qui ont l'air belles, mais pour l'instant, c'est toujours soleil et bains de mer. Et plein de crème contre les coups de soleil, et encore des boissons fraîches et gouteuses.

Ah oui, et Olivier est allé se faire raser….



Alaska hôtel (pourquoi ce nom ?....)



Bons restos

Bonne ambiance


Et même du bon café!

La sieste pour tous, y compris les chats qui semblent aussi sacrés en terre égyptienne
que les vaches le sont sur sol indien.

Visite d'un petit «Mistigris» alors que nous sommes à table


...et ils ont droit aux restes


«Félicitations, vous êtes sorti du lit».
Une enseigne sortie à l'heure du petit déjeuner pour inciter le client à venir le prendre là.
Le lendemain: «Oubliez l'histoire, B.C. veut dire "avant le café"»
B.C. signifie before Christ, avant J.C., c'est évidemment intraduisible.



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