mercredi 12 juillet 2017

Mardi 11 juillet, Denver - Portland, Oregon

Tôt ce matin, Madame Southwest Airlines envoie un mail pour nous avertir que notre vol est retardé d'une demie-heure. Mais ils ont quoi, ces avions, à être ainsi en retard?

C'est Tad qui fait à nouveau le Uber pour nous emmener à l'aéroport et, comme à chaque fois, on se quitte à gros regrets. En même temps, avec ces gens-là, c'est à peine triste, parce que la connexion est telle que la séparation n'existe pas. Et puis il y a la technologie moderne, Facebook, les mails, WhatsApp et tout le toutim.

Il fait déjà chaud à 10h quand nous pénétrons dans le monde climatisé des aéroports. Enregistrement, contrôle de sécurité, la routine. Le balèze à l'enregistrement des bagages fait de la chorégraphie. Nous devons prendre nous-mêmes nos étiquettes pour les valises, ça accélère l'enregistrement et il fait valser les gens les uns après les autres. Evidemment, Hisako et moi n'avons pas compris la partie self-service de la chose, nous nous faisons refouler. Quand je reviens deux minutes avec l'étiquette ad hoc, il me fait un numéro comique pour me dire qu'il doit voir où elle va, cette valise. Je lui dis que "je vais à Denver"...

— Vous êtes à Denver, Madame.

Pfff, chuis fatiguée. Je me reprends, "je vais à Portland". Il compare mon nom sur mon passeport avec celui sur l'étiquette de la valise et me dit: "Vous êtes bien Patricia. Voilà. Bon voyage".

Il m'a mise en joie, ce bonhomme.

Pas de place attribuée dans ce vol, tu t'assieds où tu veux. Nous sommes les dernières à entrer dans l'avion, ça, c'est une première. Evidemment, plus de place l'une à côté de l'autre. Tant pis, je me glisse entre deux jeunes femmes et nous décollons. Je passe le vol à trier mes photos et à écrire l'article de blog d'hier. Je refais virtuellement le voyage, j'en ai plein les yeux. J'ai adoré cette journée, j'aime le Colorado. Même si les montagnes, ce n'est pas nouveau pour moi, celles-là sont bien particulières. Par moments, j'avais l'impression d'être dans les Alpes, sauf que les routes sont droites et trois fois plus larges, d'ailleurs tout y est plus grand, c'est l'Amérique. Et puis le paysage changeait et il faisait alors plutôt penser au Jura. Quelques encablures plus loin et l'environnement totalement nouveau me ravissait. Au loin, des sommets encore enneigés alors que nous avions la climatisation dans la voiture.

Dans l'avion, un bébé pleure avec virulence. La fréquence à laquelle il hurle me porte très vite sur les nerfs. J'ai de la peine à me contenir quand ma voisine de derrière commence à me bourrer les reins de coups de genoux. Au bout d'un moment, je me retourne et lui lance le regard fusilleur 7 bis, elle me lance un "sorry" dont elle ne pense pas un mot et continue. Gn! gn! Je prends une grande respiration et je me plonge dans un film sur l'ordi, histoire de penser à autre chose. Ça marche. Les trois heures de vol passent vite et nous commençons la descente sur Portland. Zut, j'ai oublié d'aller aux toilettes. Je me lève et me trouve nez à nez dans le couloir avec le steward qui me demande si tout va bien. Je dis oui, est-ce que je peux aller...

— You shouldn't, actually, you shouldn't. We are landing soon. (Vous ne devriez pas, en fait, vous ne devriez pas. Nous atterrissons bientôt), me dit-il en mâchant du chewing-gum et en regardant le hublot pour me dire cela.

J'ai compris, on reconnaît un moldu au fait qu'il n'arrive pas à croiser votre regard. Son ton robotique me fait bien sentir que c'est pas le moment ni de plaisanter ni d'insister, il y a des risques que ça se passe mal si je le fais dérailler. Il n'a qu'une idée dans son synapse: il est en train de ramasser les poubelles et tout le monde doit être assis. Pas de place pour d'autres paramètres. Nous ne sommes pas des humains en voyage mais des éléments assis sur des sièges. Basta!

Dommage, il est très joli, pourtant, ce steward en t-shirt de sport. On dirait plutôt un moniteur de surf. Allez, je fais ma ronchon et je déclare que j'aimais mieux avant, quand prendre l'avion c'était se transformer en princesse. Il y a des princes très peu charmants sur les lignes aériennes de nos jours.

Nos bagages récupérés et une heure et demie de train et de bus plus tard, nous voilà chez Karine, une Française établie ici depuis l'âge de 23 ans et qui a mis sa maison dans le réseau Air BnB. Elle n'est pas là, elle a dû aller en Chine pour un voyage d'affaires, la maison est donc entièrement pour nous. Nous posons nos valises et repartons illico faire des courses, avant de ne plus en avoir le courage. Le quartier est assez joli, mais il fait vieux et bien plus modestes comparé à Denver. Une fois de plus, je suis épatée de voir à quel point c'est vert. Des arbres partout, c'est super beau. La ville me fait penser au Canada.

Et puis c'est la détente. Une vieille fatigue nous tombe dessus à toutes les deux. Hisako s'endort, moi je me vautre sur mon lit et surfe sur internet. Sur les coups de 21h, Hisako émerge et nous nous faisons une petite salade. Puis retour au dodo.

Le programme de demain : rien.
Un jour pour décompresser et se reposer.


Approche de Portland






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