dimanche 17 avril 2016

Dimanche, repos

Ce matin, je veux attraper en photo le lever du soleil, pour une fois. Je me pose devant la maison en attendant qu’il émerge de derrière la montagne. J’entends les oiseaux chanter, il fait doux, c’est un moment de grande sérénité. A un moment, un petit oiseau se pose sur la ligne blanche de la route, et il la suit en marchant. Je le filme, il est trop rigolo.

La maison d'en face





Notre maison


Facilement reconnaissable à la tortue sur la façade








Quand le soleil arrive, je prends une video de son apparition. C’est moyen en video, c’était magnifique en live. Z’avez remarqué? Ça — le lever et le coucher du soleil — et le feu est un spectacle dont l’humain de se lasse pas. Allumez un feu à côté d’une télévision, tout le monde va finir par regarder le feu.



Une journée tranquille, aujourd’hui, rien n’est prévu au programme. J’ai vraiment besoin d’un moment pour moi, pour ne rien faire. Intégrer tout ce qui vient de se passer.

Charmaine a contacté les filles, elle veut voir la plage où nous sommes allées. Alexandra et Mary Berth l’emmènent, tandis qu’Esmeralda descend à pied à la plage la plus proche. Je reste à la maison. Je fais du bronzing dans le jardin, un peu de tri dans les photos, du surf sur internet.

J’ai promis de préparer à manger pour le retour des autres. Quand Alexandra m’avise par sms qu’elles seront là dans dix minutes, je sors du frigo les restes de notre party. Pas très difficile à confectionner, comme repas, mais cependant apprécié et remercié par tout le monde. C'est si facile d'être bon les uns avec les autres, je n'arrête pas de me demander pourquoi on ne le fait pas tous.

Par sms toujours, Alexandra s’enquiert de savoir si Esmeralda est rentrée, pour la prendre en route si d’aventure… Elle vient de rentrer, ce n’est donc pas nécessaire, mais une fois de plus je mesure le confort de la technologie moderne.

C’est quand même drôlement bien, ça. Tout comme la possibilité de tchater en direct avec mon fils à 12 heures de décalage horaire. Ça rend la planète encore plus petite, et j’avoue que je suis contente de l’avoir connue quand elle était encore un peu cosmique. «De mon temps», histoire de radoter un peu, j’ai passé un an au Canada alors que la minute de téléphone coûtait 10 francs (10$) et que le courrier mettait une semaine à traverser l’Atlantique. Ça mettait une vraie distance qui procurait une expérience particulière de couper avec ce qu’on avait quitté. Je me souviens, un jour d'abondance financière et de mal du pays, j'avais appelé la maison. En entendant ma voix, ma mère avait demandé: «il s'est passé quelque chose?». Je l'avais rassurée. Juste envie de me rapprocher un peu.

Aujourd’hui, on est toujours en lien et jamais très loin. C’est à la fois super génial et peut-être un peu encombrant… Je ne sais pas.

Nous passons un lunch délicieux avec Charmaine, une canadienne de Colombie britannique. Puis Alexandra la ramène à l’hôtel et m’annonce que je les accompagne pour récupérer ma jaquette. En effet, hier, je me suis rendue compte qu’elle me manquait. J’ai cherché dans ma mémoire la dernière fois que je l’avais vue, et j’ai vraiment eu de la peine à m’en rappeler. Je l’avais portée pendant tout le voyage, le continent aéroport jouissant d’un climat plutôt froid et, bien sûr, je l’avais retirée dès notre sortie de l’avion. Avec les péripéties de nos bagages, je me dis que j’ai dû l’oublier dans une navette, ou…. ça me revient! Dans le coffre de la voiture de location de Christina!

Entre temps, Mary Beth m’a rendu le service d’appeler les objets trouvés de l’hôtel avec son téléphone domestique. Je n’ose pas imaginer le prix d’un appel avec mon natel suisse! Oui, ils ont une jaquette qui correspond à la description. Est-ce qu’elle est de marque Wannabee? Alors là… Peut-être bien… Il me semble qu’il y a une marque brodée sur le devant. En allant chercher Charmaine à l'hôtel ce matin, Alexandra avait pris une photo, j’avais fini par voir que c’était bien ma laine polaire.

Je la récupère donc au desk de l’hôtel, je la sors du plastique dans lequel ils l’avaient emballée et je m’étonne: ce n’est pas la mienne. Enfin, je ne la reconnais pas. Mais elle est plutôt bien, je vais la garder… Je l’enfile, j’ouvre les poches, j’y trouve un paquet de mouchoirs en papier de la Migros, j’ouvre de grands yeux. Quelles sont les chances que quelqu’un d’autre ait une veste qui ressemble furieusement à la mienne et qui possède des mouchoirs de marque suisse? Dans l’autre poche, je trouve mon petit inhalateur menthe eucalyptus que j’avais pris pour finir de lutter contre ma sinusite. Cette fois, plus de doutes, c’est bien la mienne, mais j’ai presque un vertige devant mes doutes. C’est un objet d’avant le stage qui n’a pas suivi le mouvement et qui dégage encore les vibrations de l’ancien. J’éclate de rire devant cette sensation complètement tapée que je ressens. Non mais il faut vraiment avoir un grain pour vivre un truc pareil.

Ou alors, je deviens sévèrement sénile.
Franchement, je préfère «sévèrement allumée» si ça ne dérange personne.

J'ajoute encore que finalement, pour rendre l'anecdote encore plus étrange, ma jaquette n'était pas dans le coffre de la voiture de Christina et que j'ignore totalement où j'ai pu la perdre.

Tout ça pour raconter que je ne passe pas de simples vacances carte postale au bout du monde, mais je vis une expérience intense, riche de sentiments et de sensations dont j’arrive à avoir conscience, et que cette richesse est inestimable. Par dessus-tout, j’ai rencontré des gens merveilleux, qui ont une âme et un coeur qu’ils affichent et qui les mènent. Je ne suis pas en train de dire que tout le monde il est beau et parfait, chacun a son caractère et ses travers, mais nous faisons là la magistrale démonstration qu’il est possible de vivre en bonne intelligence dès lors qu’on le décide.

Notre petit groupe de quatre, par exemple, s’est formé au feeling d’abord. Mary Beth a loué la maison qu’elle savait vouloir partager avec son amie Alexandra. Elle a prévu de la place pour deux colocataires, parce que c'est fun de partager à plusieurs, laissant le flux lui apporter selon son désir. Elle a fait sa proposition sur le groupe facebook à laquelle Esmeralda a tout de suite répondu positivement. J’ai été attirée, mais j’ai retenu mon impulsion. Je me connais, je décide des trucs sur un coup de tête, et ensuite, je n’ose pas changer d’avis. Cette fois, je vais d’abord rencontrer ces filles, et je verrai ensuite.

— Ouais, mais si quelqu’un d’autre prend la place? dit la petite voix.
— Ben c’est que ce n’est pas pour moi, répond la grande voix.

Pendant le stage, je croise Mary Beth et Alexandra et j’ai un bon feeling, mais je ne suis pas plus attirée que ça. Je crois que je n’ai pas envie de décider, c’est tout. Jeudi matin, je me décide enfin et le signale à Mary Beth par sms qui me répond «fantastic». Ce que je saurai plus tard, c’est que leur côté, elle s’étaient accordées la même latitude de choix. Une autre participante du stage est venue se proposer, mais sa décision n’était pas claire, elle n’a pas confirmé, Mary Beth n'a pas relancé, bref, ça ne s’est pas fait. Nous nous sommes donc réunies d’abord au feeling. C’est pas mal de le noter, parce que nous avons tous des antennes et nous ne les écoutons pas toujours, alors qu’elles sont généralement bonnes conseillères.

Ça marche si bien entre nous que Mary Beth a déclaré l’autre jour que «nous pourrions vivre ensemble». À ma grande surprise, je trouve qu’elle a raison. La recette est simple, il suffit d’oser être soi, se respecter et respecter les autres. Quand, alors que nous sommes sur la route du retour à la maison, Mary Beth demande dans la voiture si nous voulons aller au supermarché, je réponds posément:

— Absolutely not.

C’est bon, j’ai ma dose de shopping pour les deux ans à venir. Elle éclate de rire et déclare que c’est décidé, on va rentrer manger, on verra ensuite qui veut ressortir. Aussi simple, quand chacun est prêt à créer un flux commun qui convient à tous. Je ne sais pas si je pourrais/voudrais vivre tout le temps comme ça, je dis juste que c’est possible et que c’est même du grand bonheur.

Aloha !


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