vendredi 23 février 2018

Journée indigène

Ce matin, Alexandra vient tuer une heure chez nous avant d'aller prendre son avion de retour. Nous prenons un gros breakfast sur la terrasse encore mouillée de la pluie de la nuit. Il fait nuageux, on dirait que le soleil va percer.

En début d'après-midi, nous retournons à la villa Ahmyo acheter le pin "wings" qu'Alexandra nous a montré hier soir.



Geoff nous raconte que depuis plusieurs jours, il voulait abattre un arbre mort qui bouchait la vue et voilà que c'est l'orage de l'autre soir qui s'en est occupé. Il est en plein travaux de déblayement avec le jardinier du coin. Par chance, non seulement l'arbre n'a fait que des dégâts minimum mais il n'est pas tombé sur le chemin, il aurait bloqué la sortie pour les stagiaires, les obligeant à passer la nuit sur place. Ce qui eut été fort inconvénient!

Nous partons nous baigner à la piscine municipale. Il fait un peu plus frais que l'autre jour, mais la baignade est aussi délicieuse. Il y a là une classe d'adolescents qui fait la gym au bord de l'eau. Peu de touristes, nous avons vraiment l'impression de faire partie de la vie locale.






Après la baignade, j'ai émis le désir de m'acheter quelques t-shirts. Nous allons au Walmart où je trouve rapidement mon bonheur parmi la foule du vendredi soir. Ensuite, nous avons une petite faim, nous cherchons un restaurant hawaiien. La caissière du Walmart, à qui nous posons la question, nous indique une adresse que nous avons de la peine à trouver, embarquées dans les bouchons de fin de semaine. Décidément, c'est une journée qui a un parfum de vie locale.

Nous finissons par trouver le restaurant qui a l'air parfait, mais c'est complet. Nous nous rabattons sur le "Ultimate Hamburger" du centre commercial d'à côté et ma foi, nous dégustons un cheeseburger délicieux, dehors, sur la terrasse au milieu de familles et d'enfants qui jouent autour de la fontaine.
C'est le contact avec l'île auquel j'aspirais à l'écart des foules de touristes. J'aime bien cette ambiance. Les Hawaiiens dégagent quelque chose de paisible et de sage. J'aime leur allure nonchalante mais pas désinvolte. "Hang loose" qu'ils disent en secouant les doigts.



"Tout va bien, détachement". Je les trouve beaux avec leur peau cuivrée, leur type polynésien mâtiné d'asiatique. Les Japonais sont venus nombreux travailler dans les plantations de café à une époque et ils ont fait souche.

Hélas, dès qu'on gratte un peu, le paradis n'est pas idéal. Si le tourisme est un bienfait pour le commerce, il fait également monter les prix et les indigènes ont de plus en plus de peine à survivre dans leur propre pays. J'ai vu cela dans le sud de la France également, particulièrement à Arles. Plus d'argent pour organiser les festivals qui remplissaient les caisses, la ville se délabre lamentablement. À quelques kilomètres, toutes les collines de l'Estérel sont couvertes de villas magnifiques qui appartiennent à des étrangers qui font vivre les grandes chaînes de supermarché. C'est pareil ici. Dès qu'on quitte la route du front de mer avec toutes les boutiques à touristes, on voir la misère qui commence à grignoter les immeubles non entretenus faute de moyens, des magasins moins prestigieux avec des prix si élevés qu'on se demande comment ils font pour survivre au quotidien. Je me dis une fois de plus qu'il faudrait  bien qu'on réfléchisse sérieusement à ce qu'on fait, globalement, et qu'on change un peu la donne. Il y a moyen de se faire une belle vie pour tous, mais voilà: encore faudrait-il le vouloir...

Il est 21 heures quand nous sommes de retour à la maison.

Dans la soirée, je me mets à réfléchir à ce que je suis en train de vivre. Pour tout dire, le cercle que je suis depuis quelques années se préoccupe d'ouverture de conscience et l'un des sujets que je préfère est celui qui dit que nous sommes entièrement le créateur de notre réalité. Pas mal de gens dans le mouvement new age le disent aussi — et en écrivant "new age", un stress me vient à l'idée que mes propos vont être étiquettés de façon discriminative, ce dont je me fiche, mais j'aimerais cependant qu'on m'explique une bonne fois pour toutes pourquoi "new age" c'est mal de nos jours et lequel de "gauche" ou "droite" est le bon?! Je suis sarcastique... juste pour démontrer comment l'inconscient collectif peut être à l'oeuvre en prêt-à-penser.

Donc, créatrice de ma vie. J'ai accepté de jouer le jeu et tenté de déterminer pourquoi je créais autant de luttes, de difficultés, de manques en tous genres... La réponse, qui ne m'a pas plu du tout, fut... que j'aime ça. Ben oui, tout au fond, à la base, j'aimais le drame. C'est intense, jouissif, sensuel. Mais fatiguant. J'ai donc consciemment décidé d'arrêter et ma foi, ma vie a changé. Ça marche. J'ai voulu tester la loi de l'attraction. J'attire ce que je pense. D'où l'intégrisme de la pensée positive car la moindre pensée négative est un horrible aimant qui attire le Mal. Mh, ça ne marchait pas vraiment, mon compte en banque est resté désolemment vide malgré mes tableaux des souhaits couverts de photocopies de billets de mille francs. C'est quand on m'a parlé de désir, passion que j'ai commencé à piger: ce n'est pas le mental qui secoue les énergies pour créer la création, c'est la vibration. La passion, l'envie, l'en-Vie. En fait, je ne cours pas après l'argent mais après une vie de rêve et je crois que je ne pourrai l'avoir que lorsque que j'aurai l'argent sur mon compte. Ben non! C'est pas comme ça que ça marche parce que la création est globale. En me crispant sur l'idée que je veux de l'argent parce que j'en manque, je crée... la crispation sur le manque d'argent. Beuh!

En fait, il me suffit de me focaliser sur ma vie de rêve. L'imaginer, la rêver, oser sortir du cadre, rêver grand et illimité. Et laisser faire. Et ça, c'est le plus dur, parce que l'humain en moi veut agir, faire, accomplir, produire. "On a rien sans rien" impose l'hypnose collective. Sauf que ce n'est pas en faisant des efforts, en s'agitant, en faisant des stratégies qu'on obtient ce qu'on désire, mais en maintenant le rêve. Comme un môme! Comme mon môme de quatre ans qui déclare en plein mois d'août: "À Noël, j'aurai un train électrique qui marche à piles". Moi, super surprise: "Quoi!?". En fait, mon étonnement était pour cette déclaration à des mois de Noël: une éternité pour un enfant de quatre ans. Il a répété cette déclaration au fil des semaines, à la troisième fois, j'ai nettement senti le transfert d'énergie: je recevais la demande, j'allais la mettre en oeuvre. De fait, le premier catalogue de Noël m'a indiqué dans quel magasin j'allais trouver ledit train "qui-marche-à-piles". Pas une seconde d'août à décembre mon enfant n'a douté de la réception d'un tel cadeau. Il m'a fait un bien plus grand cadeau cette année-là, celui de la recette de la vraie création.

Dans ce séjour à Hawaii, je suis fascinée de constater chaque instant de ma création. Il y a bien sûr notre co-création à trois: la journée est la même pour nous trois, mais si on observe de près, chacune de nous vit des choses différentes et attire ce que sa passion lui dicte. Le tout est de déterminer sa propre passion, je suppose car cette vibration-source engrange pas mal de choses, y compris l'hypnose collective, les programmations ancestrales et culturelles. C'est là qu'il s'agit de faire de l'ordre et d'y mettre la clarté.

Je suis épatée par la création de Geoff, par exemple, qui voulait que l'arbre mort soit abattu: non seulement ça s'est fait tout seul, mais gratuitement et sans dégâts chez les voisins ni sur les voitures des stagiaires, ni bloqué le chemin, ni emporté la ligne électrique... Le travail de déblayage du bois est arrivé pile pour lui permettre de faire quelque chose de physique et de reposer son mental après deux stages de suite. Elle est pas belle, la bonne vie? À aucun moment, il n'a imaginé un scénario, il a juste désiré que l'arbre soit abattu et il a laissé faire. En langue new age, on dit que l'univers a bien fait les choses, mais c'est mettre le pouvoir sur quelque chose d'extérieur alors que, de ce que j'apprends en ce moment, cette énergie vient bel et bien de l'intérieur. C'est moi qui la met en oeuvre. L'autre jour, nous n'avons pas du tout imaginé que la tempête du quart de siècle allait nous tomber dessus, nous avons simplement quitté la plage parce qu'une note particulière dans le vent nous a soufflé que c'était le moment et surtout, que nous l'avons entendue. Un quart d'heure plus tard et on se prenait la tempête en plein pare-brise. Ce n'est pas nouveau, bien sûr, ce qui l'est, c'est la compréhension de comment et pourquoi ça marche, et c'est ça qui m'excite.

Je médite sur tout cela quand j'entends les histoires d'autres stagiaires rentrés chez eux: une telle a vu son avion avoir un problème techinque, il a fallu atterrir à Honolulu après avoir tourné en rond pour utiliser le kérosène et atterir sans danger. Une nuit à l'hôtel, puis un avion pour une destination proche de son domicile, mais pas vraiment. Une autre nuit dans cette métropole avant d'enfin être rendue chez elle. Une autre s'est vue vider sa valise de toute nourriture de façon incompréhensible: la nourriture est généralement autorisée dans les bagages, d'autant qu'elle était sur un vol domestique. Un couple s'occupe de gardiennage et a engagé une remplaçante pendant leur séjour ici. Quand j'ai demandé à cette amie si elle restait quelques jours de plus pour qu'on puisse profiter de se voir, elle m'a raconté qu'elle ne sait pas pourquoi, mais elle a réservé des vols juste avant et après le stage, regrettant de ne pas s'être accordé plus de temps pour la détente. Elle a dû sentir que sa gardienne n'était pas à la hauteur, cette dernière a fait juste le nécessaire et le couple a trouvé leur abri dans un état de saleté que deux ou trois jours d'absence supplémentaires plus auraient rendu encore pire et aurait pu nuire à leur business. La prochaine fois, sûrement qu'elle créera de trouver une meilleure remplaçante. À elle de savoir pourquoi elle a encore eu "besoin" de cet épisode, sachant que tout ce que nous créons nous sert forcément. Le tout est de savoir quoi. En l'occurrence, probablement encore un besoin de contrôle ou de se sentir indispensable...

Voilà ce que ces jours apparemment sans événements sont en train de m'apporter. Et je constate une fois de plus qu'il est impossible de comprendre tout cela sans y accorder un peu de réflexion dans le calme et la détente. C'est pourquoi les Lemmings seront toujours des Lemmings.






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