samedi 30 juillet 2022

Astorga et train pour Santiago

C'est le jour du départ, nous nous levons tôt pour dire au revoir aux filles qui nous quittent avant huit heures. Il fait frais, ce matin, et nous prenons le petit déjeuner dans la cuisine, autour d'une table plus petite qui nous donne l'impression de nous coller les unes aux autres une dernière fois. C'est mignon, c'est plein d'amour.

Luis, notre chauffeur du premier jour, emmène Clarissa, Lyndal et Nuria à l'aéroport de Madrid pour prendre leur avion de retour. Un moment plus tard, un autre taxi emmène Paula et Alice à Leòn où elles vont chercher une voiture de location. Elles vont à la plage et à Bilbao pendant quelques jours avant de rentrer en Amérique. La voiture est en train de s'en aller à petite vitesse sur les pavés moyenâgeux quand Renée demande:

— C'est à qui, ce sac?

On crie, on gesticule, le chauffeur stoppe et revient. Paula a oublié sa valise. Au dernier moment, elle a empoigné un sac de sa fille en oubliant ses propres bagages. Acte manqué éloquent... Aurait-on de la peine à se quitter?

Stephanie, Renée, Fabienne et moi avons un train en fin d'après-midi au départ d'Astorga. Stephanie reste au gite pour travailler un peu et faire le bilan du stage avec Bertrand, Renée l'accompagne. Nous confions nos valises au coffre de la voiture de Bertrand au bas des escaliers de notre hôtel, impossible de les charrier sur cette route. Il amènera Stephanie, Renée et tous nos bagages à la gare en fin d'après-midi et il nous propose, à Fabienne et à moi, de nous y emmener tout de suite, car il a besoin de passer à la banque. 


Nous visitons le «Museo de los Caminos» dans le palais épiscopal de Gaudi, un des rares édifices qu'il a construits hors de Catalogne. On reconnaît bien le style de l'architecte de la fameuse Sagrada Familia, le palais a un petit air de Disneyland. 





    

Nous visitons aussi la cathédrale, encore du gothique surchargé qui ma foi, ne me plaît toujours pas, même si le travail est impressionnant. Au moins, il y fait frais. 







Il y a ce week-end un festival qui célèbre les Romains et les Asturiens. Depuis les remparts, nous voyons des tentes installées en contrebas, tout un parcours didactique sur cette époque avec un marché et des stands de nourriture. Dans la rue, une bonne partie de la foule se promène déguisée soit en Romains, soit en Asturiens. On se croirait dans Astérix et Obélix en vrai. Le premier centurion que je vois en conversation sonore sur son téléphone portable me fait hurler de rire. Les suivants, c'est la famille complète en patriciens élégants avec la petite dans le pousse-pousse. 









Nous nous asseyons à une terrasse dans l'espoir de boire un grand Spritz. — STOP! Il convient ici de parler du Spritz. À Madrid, spécialement dans notre jacuzzi sur le toit, nous avons souvent bu cet excellent cocktail pas très fort qui désaltère divinement en ces temps de canicule. De belle couleur ambrée, il est composé d'un tiers de Champagne (ou vin mousseux), d'un tiers de Schweppes et d'un tiers d'Apérol, un truc qui doit être horriblement chimique, vu la couleur orange pétard, et dont je ne veux pas savoir la composition. C'est proche du Campari, en un peu moins amère. Deux tranches d'orange, un wagon de glaçons et un petit parasol en papier ou autre décoration, et vous voilà au paradis pour un moment. En Espagne, c'est apparemment répandu seulement dans les grandes villes, on nous a dit que parfois, ils appellent ça seulement «Apérol».

Quand nous tentons la commande sur la terrasse d'Astorga, le garçon nous regarde avec des gros yeux. «Momento», dit-il, et il nous envoie son collègue qui semble comprendre l'anglais. Même gros yeux quand on dit «Spritz», il doit hésiter à nous dire «Santé!»... On essaye: «Apérol», mais non, décidément, ils n'ont pas. Alors c'est «Sangria». Ça, ils ont. C'est bon aussi!

Quelques tapas plus tard, nous reprenons notre déambulation dans les rues étouffantes de la ville. La température chatouille toujours les 40°, mais pendant le stage, on ne s'en rendait pas compte, le gite conservait bien la fraîcheur. Après avoir fait du lèche-vitrine, il faut nous réhydrater à nouveau. C'est encore plus chaud sur la terrasse suivante où nous finissons par être muettes de chaleur pendant que les Romains et les Gaulois continuent de marcher, mélangés aux humains du temps présent.



Nous avons rendez-vous à cinq heures à la gare qui est à dix minutes à pied. Nous nous y rendons bien trop à l'avance, dans l'espoir que le hall d'attente soit plus frais. Hélas! Elle est complètement vide, cette gare, et nous nous affalons sur un banc où il fait effectivement un chouia plus frais que dehors. Pas d'indication de voie pour notre train. Quand Bertrand arrive, il nous dira qu'il n'y a qu'une voie en fonction ici. Cette gare vide et sans âme me rappelle l'Inde et les interminables attentes à la limite du confortable. 



Après au revoir et merci encore pour tout à Bertrand, en route pour Santiago. Quatre heures de train climatisé en première classe. Depuis le monstre dans l'avion de l'aller, à chaque fois que je vois un môme de moins de quatre ans dans un transport, je lui envoie une injonction mentale péremptoire: «Attention, bébé, pas pleurer, pas crier! Non-non-non-non-non!». J'adore les bébés, mais pas quand ils font le souk pendant deux heures à côté de moi. Ça marche, on dirait! Dans notre divers trajets jusqu'ici, il n'y a eu que quelques pleurs parfois, rien d'insupportable.

Nous ne sommes pas assises dans le même wagon avec Stephanie et Renée, pour cause de réservation à des moments différents. Au bout de deux heures, nous prenons un sandwich du petit bar qui circule. Je me méfie de cette gastronomie, mais tant pis, j'ai trop faim. J'ai mis ma «masquerilla» autour de mon poignet pendant que je mange. Le contrôleur passe et me dit en espagnol avec des gestes que je comprends que «la masquerilla, c'est sur le nez, pas autour du poignet, ça sert à rien». Je lui réponds en français, avec des gestes qu'il comprend à son tour que: «Je suis en train de manger». Il rétorque, toujours dans la même langue: «Sur le nez». Je répète, un peu échauffée: «Mais je mange!». Alors là, il mime de baisser le masque, croquer une morce, remonter le masque et ruminer derrière le tissu.

J'en peux plus de ces conneries de masque!

J'obtempère et dès qu'il a le dos tourné, je mange normalement. — Et je n'exprimerai pas ici ma façon de penser parce que c'est pas beau d'être vulgaire...

Puis je somnole. Quand je ferme les yeux, je vois de la géométrie sacrée partout. Je suis en train d'intégrer mon stage, moi! Nous arrivons à St-Jacques de Compostelle vers 23h. Nous partageons un taxi à quatre pour nous rendre à nos hôtels respectifs et en se quittant, nous nous donnons rendez-vous pour le café demain matin. Nous avions hésité à nous rendre à pied à notre hôtel qui n'est qu'à 900 mètres de la gare, mais en voyant comment la rue grimpe, nous sommes bien contentes d'avoir opté pour le taxi.

Enfin arrivées. Dodo!

Oups, non, bloquées devant la porte qui ne s'ouvre pas malgré nos multiples tentatives.

Nous logeons dans un petit appartement dont l'accès se fait grâce à un code pour la porte palière et un autre code pour notre logement. Le premier fonctionne mais nous restons bloquées devant l'électronique du suivant qui refuse de coopérer. Fabienne appelle Pilar, notre logeuse, qui nous ouvre à distance — vive la technologie — et nous recommande de ne pas y aller trop fort, ce boitier requiert de la délicatesse.

En effet!

Nous sommes enfin dans la chambre, je ferme la porte et tourne le verrou.

Dodo!





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