jeudi 21 juillet 2022

Olé, Flamenco !

Je me réveille un peu nouée par l'épisode d'hier soir. Si je ne faisais pas attention, j'en ferais bien un drame. Mais on a dit NON, Le café et le délicieux croissant du buffet achèvent de rétablir ma bonne humeur et nous nous retrouvons dans le hall de l'hôtel avec Lyndal pour aller visiter le musée de la Reine Sofia. 

Mais avant cela, étape au poste de police pour porter plainte. Quand j'ai raconté ma mésaventure à Ana hier soir par messagerie instantanée, elle m'a immédiatement proposé son aide comme interprète depuis chez elle en Angleterre, au besoin. Ana est mon amie suisse qui vit en Angleterre et qui est d'origine espagnole. Ce support moral ajouté à la présence de Fabienne et de Lyndal m'aide grandement à rester dans ma zénitude. Au poste, tout le monde est charmant. On me trouve d'emblée une personne qui parle anglais et français, je choisis bien évidemment de m'exprimer dans ma langue maternelle.

Il y a du monde avant moi, et pendant que je râle intérieurement de devoir perdre mon temps dans une salle d'attente, Lyndal déclare que ce genre de péripétie l'amuse, ça lui permet d'observer les gens dans leur quotidien. Tiens, intéressante perspective.

L'attentaient est finalement raisonnable. Je raconte toute mon histoire à un préposé qui prend note après traduction de sa collègue dans ce que je reconnais comme un logiciel dédié avec des champs à remplir pour toutes les données. Quand il a fini, il me fait relire le texte en espagnol, je me dis que c'est bien gentil, mais il va me falloir leur faire confiance parce que mon espagnol est très sommaire... Je parcours cependant ce qui est écrit quand je butte sur «Francia» au lieu de «Suiza» comme lieu d'origine. Il a pourtant mon passeport rouge à croix blanche à côté lui, le brigadier! Ah zut... Il doit corriger. Il change de fenêtre, tapote sur son clavier, je trouve que c'est bien long. Ma parole, mais il est en train de tout réécrire! La traductrice confirme... Mais quel genre de logiciel archaïque est-ce donc? 

Il finit par y arriver et pendant qu'il imprime, je demande à la fille ce qu'un voleur peut bien faire de mon téléphone volé. Elle me répond qu'ils les démantèlent et vendent les pièces détachées. Bon. Il va falloir encore un peu d'effort avant le monde unifié des hommes de bonne volonté...

Cette démarche accomplie, je me sens plus légère, et nous partons à pied pour le musée de la Reine Sofia qui abrite en ce moment le fameux Guernica de Picasso, entre autres. 

Cour intérieure du Prado



Dans la salle, Lyndal prend une photo d'un Picasso avant de se faire dire que les photos sont interdites. Il y a là aussi Dali et ses contemporains, une visite qui m'enchante nettement plus que celle du Prado.



Après la visite, nous allons manger au café Central qui se trouve ...au centre où nous nous retrouvons plutôt systématiquement dès que nous cherchons un restaurant dans Madrid.





Je quitte mes amies qui veulent faire un peu de shopping pour rentrer à l'hôtel: il fait très chaud et j'aimerais envoyer les mails nécessaires au remboursement de mon téléphone. 

Au frais sous l'air conditionné, j'ai à peine fini d'écrire que Fabienne m'envoie un whatsapp — que je reçois sur mon ordi, vive la technologie! — pour me dire qu'il fait trop chaud et qu'elles rentrent. On n'est pas loin des 40°.

Lyndal a cru choisir le même hôtel que le nôtre après que je l'aie mentionné sur le groupe whatsapp collectif du stage que nous étions logées à cet endroit. Sauf qu'il y a deux hôtels sur la calle Atocha, que je ne le savais pas et que j'ai omis de mentionner le nom de l'hôtel avec précision. Elle regrette son erreur quand nous lui parlons du jacuzzi sur le toit. Nous demandons à l'accueil si c'est possible de l'inviter: C'est! — Youpi. Elle nous rejoint donc pour une trempette-cocktail-bronzette joyeuse.




Ce soir, nous avons flamenco. Nous avons réservé dans une petite boîte qui me rappelle immédiatement la «Garçonnière» à Genève. C'est petit, coincé, un peu vieillot, il règne un clinquant gériatrique jusque dans les nappes et le mobilier, l'atmosphère sent le poussiéreux. Nous avons droit à une boisson, ce sera sans alcool, la chaleur m'a accablée aujourd'hui, et je suis un peu barbouillée.

Nous sommes collées à la scène qui se trouve à 30 cm au-dessus de la banquette qui nous sert de table. Le nez sur les chevilles des danseurs, quoi! Le spectacle commence, c'est bruyant et joyeux. Voilà qui me fait du bien. Ça secoue mes énergies, je me sens en joie, j'irais bien danser avec eux, tiens! Cela dit, le niveau est vraiment touristique-bon-marché. Ils sont des costumes fatiguées, des chaussures usées, des robes pas complètement jolies... Je me dis que pour cinquante balles la soirée, il ne faut pas espérer beaucoup plus.

Et puis quid des castagnettes, au fait ?! Du flamenco sans castagnettes, c'est honnête, ça?

Au bout d'une heure, il faut laisser la place au groupe suivant, et nous allons nous trouver une terrasse pour manger. C'est pas grave, j'ai eu bien du plaisir tout de même.







Nous allons manger sur la plaza Ana










Un serveur se rend compte que nous parlons en français avec Fabienne et nous interpelle. Il parle parfaitement la langue, et quand je le lui dis, il me répond:

— Eh ben oui, je suis de Casablanca!

Il est très sympathique, il me dit qu'il est à Madrid depuis six ans et qu'il est maintenant parfaitement intégré, mais que le pays natal lui manque. D'ailleurs, il s'y rend souvent, parfois jusqu'à six fois par mois, il profite de billets d'avion qui sont parfois d'un montant aussi bas que vingt euros. Intérieurement, je mets en balance la surconsommation du monde actuel et le mal du pays de ce garçon. J'avoue que je ne sais pas trop quoi penser....

Sur le trajet de retour à l'hôtel, j'entends encore plusieurs fois parler français autour de moi, et je me dis que ça m'arrive bien plus souvent ici qu'à Genève!


Fin de soirée, répit sous l'air conditionné et dodo.






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