mercredi 20 juillet 2022

Hop on hop off et pickpocket

Nous descendons petit déjeuner à la cafétéria de l'hôtel, le buffet est abondant et délicieux. Ce matin, nous avons décidé de prendre le bus touristique rouge Hop On Hop Off («monter et descendre» pour les francophones).

Il est dix heures quand nous grimpons dans le bus, il fait déjà très chaud. 

Départ devant le parc du Prado que nous visiterons en fin de parcours.


Parc du Prado





       




Place de Cybèle


Gran Via



La porte de Tolède


Nous «sautons hors» du bus (hop off) à l'arrêt «Palais Royal» pour le visiter. Nous pensons nous rendre en droite ligne de l'arrêt de bus à l'édifice et sur le chemin, nous traversons une place qui nous plaît beaucoup à toutes les deux.



Après quelques zig-zags dans les rues,…



…nous arrivons au Palais Royal.






L'esplanade devant le Palais Royal.

















Pendant que nous faisons la queue, une guide nous propose la visite guidée pour le double du prix d'entrée et nous acceptons. Puis elle nous dit qu'elle n'a pas assez de touristes parlant français, si nous voulons, elle nous appellera plus tard au cas où elle augmenterait son groupe. Comme nous arrivons au guichet, nous lui disons que non, finalement, nous visiterons sans guide, et vu ce qu'il y a à voir, l'univers nous a servi, c'eut été du gâchis. Il y a quelques appartements à voir — et qu'on ne peut pas prendre en photo — et les pancartes didactiques sont largement suffisantes à nous renseigner. 


       



Après la visite, nous cherchons à reprendre le bus rouge et nous perdons une fois de plus dans les rues de Madrid. Quel meilleur moyen pour visiter une ville? Après un coup d'oeil sur la carte, nous constatons que nous ne sommes pas loin du centre. Nous avons réservé un billet pour visiter le Prado à 17h et nous allons boire un verre et manger en attendant.


     













Comme nous avons une petite faim, Fabienne me dit que ce serait cool d'aller manger sur cette super plaza que nous avons traversée plus tôt. Sauf que... impossible de nous figurer où elle se trouve sur le plan*. En la cherchant, nous découvrons encore plus de ruelles et d'endroits pittoresques. Malgré cette grosse chaleur, j'apprécie la visite. Je le répète, Madrid m'enchante. Chaque fois que nous pensons avoir atteint notre place, c'est une déception ! On finit par en rire et se résigner à ce que notre jolie plaza conserve son mystère. De guerre lasse, nous nous arrêtons à une terrasse invitante, ce qui ne manque pas!


*PARENTHÈSE:

Mon cher téléphone me manque, en second lieu, pour le GPS. Depuis que je l'ai, je n'ai plus peur de me perdre et j'ai découvert que de déambuler dans les rues et perdre son orientation débouche souvent souvent sur des découvertes joyeuses. Et puis, hop, un petit coup d'itinéraire sur Maps, et je me retrouve à la maison. À Madrid, je redécouvre l'usage du plan de la ville. Pour les moins de 25 ans, voici à quoi ça ressemble. C'est comme si on imprimait Google Maps sur un papier et qu'on s'y retrouve avec son raisonnement et en cherchant le nom des rues dans la rue. — Bizarre, hein? 😃



Pause rafraîchissements


     

   














Après avoir encore déambulé dans les rues et traversé un des nombreux magnifiques parcs de la ville, nous sautons (hop on) à nouveau dans le bus rouge; à force de tourniquer dans le centre, nous le reprenons quasi depuis notre point de départ. Nous arrivons au Prado à l'heure prévue de notre réservation faite en ligne pour éviter de faire la queue.






Musée du Prado

Des immeubles en face où on voit l'influence islamique






Un étonnant mur de végétation


Retour à l'hôtel où nous faisons trempette dans le jacuzzi. C'est aussi l'heure pour un Margarita ! 



Soudain, j'ai une illumination! Bon sang, mais c'est bien sûr: la vidéo que j'ai prise sur la mystérieuse plaza est géolocalisée! J'ouvre les informations de la prise de vue ...ET VOILÀ! Il s'agit de la plaza Mayor et nous décidons illico que nous allons y souper après la douche.

Lyndal, une participante du stage qui arrive à Madrid aujourd'hui et qui séjourne dans l'hôtel voisin, nous contacte au moment où nous nous apprêtons à sortir pour manger. Il est vingt-et-une heure et nous nous installons sur la terrasse du restaurant Heger sur la plaza Mayor, donc, avec l'intention de déguster une paella accompagnée de sangria qui nous allèchent déjà. La soirée est délicieuse tout comme la rencontre avec Lyndal, arrivée d'Australie en Allemagne il y a trois semaines et qui a d'abord visité le sud de l'Espagne avant d'arriver à Madrid. Elle est ravie d'avoir de la compagnie — parlant anglais de surcroît — après ce temps passé seule à visiter l'Europe pour la première fois de sa vie. 

C'est l'une de ces rencontres dans la vie qui ressemble à un rendez-vous de longue date. La connexion est instantanée, nous nous connaissons d'ailleurs et d'un autre temps, c'est une évidence indéniable qui nous chauffe le cœur. Nous papotons allègrement et, pendant que la soirée s'étire délicieusement en longueur, nous parlons de nos vies respectives tout en montrant moults photos sur nos téléphones portables...




    


         


Ah, nos portables! Ce prolongement de nos avant-bras qui nous augmente! Comme ils sont pratiques! Combien de fois par jour saisissons-nous notre appareil pour savoir l'heure, consulter la météo, échanger des messages avec nos proches, trouver une info sur internet, réserver un vol ou un restaurant, prendre des millions de photos et ...parfois même téléphoner?! On ne compte plus.

Mon téléphone, donc, est à portée de ma main, juste à côté de mon couteau à droite de mon assiette et à moitié recouvert par ma serviette. A un moment, un mec s'approche de notre table pour vendre ou solliciter quelque chose. Nous avons déjà eu droit aux bracelets africains, aux sempiternelles roses, aux colifichets typiquement espagnols... ce quidam arrive avec un air un peu benêt et une carte des desserts à la main. Il la présente à Fabienne et marmonne un truc inintelligible. Elle l'envoie aux pives, alors il se tourne vers moi et pose la carte contre mon assiette. J'observe, je ne comprends pas, il m'agace, c't'andouille, il veut quoi? Fabienne me dit:

— C'est un sourd-muet, il veut des sous.

— Mais non, c'est une carte des desserts... Il veut quoi, je lui paye un dessert?

Et puis je fais un geste comme pour chasser les mouches lui signifiant de dégager, il dérange, il nous a coupées dans une conversation super intéressante. On se dit qu'il est zarbi et pas clair, et on passe à autre chose.

Il est déjà tard, nous demandons l'addition peu après cet épisode et décidons de rentrer. Je veux attraper mon téléphone, il n'est pas sur la table... Pourtant, j'aurais juré... Je farfouille dans mon sac et tout d'un coup, je percute:

— Merde! Il m'a fauché mon téléphone, ce con!

Les deux copines me demandent si je suis sûre, vérifie bien dans ton sac, on regarde partout, non, rien, je tends mon sac à Fabienne pour une seconde vérification minutieuse pendant que je refais le film de son plan minable. Pendant qu'il occupait mon attention avec sa demande bidon, il ramassait mon téléphone caché par la carte. 

Je passe dix sales minutes à colérer: contre lui, contre moi de n'y avoir rien vu, je voudrais arrêter le temps et retourner en arrière pour modifier le scénario. Je me vois soudain debout, furax, émettant un gros nuage dégoûtant de mauvaises énergies qui viennent assombrir le visage de mes amies. La voix en moi me demande clairement de choisir entre me rendre très malheureuse et gâcher mes vacances et l'ambiance autour de moi ou accepter et faire face avec la meilleure zénitude.

— Alors? demande la voix.

Je prends une grande respiration et je décide:

— NON. Je ne permets pas à ce fâcheux de rider mon océan de béatitude. Après tout, ce n'est qu'un téléphone. C'est très contrariant, mais pas fatal, loin de là.

Avec les copines, nous passons en revue toutes les conséquences possibles de ce vol. Nous imaginons le pire, il n'est pas catastrophique. De retour à l'hôtel, je bloque tout à distance, je découvre que non seulement je peux localiser mon appareil, mais je peux aussi afficher un message sur l'écran. J'écris —en anglais — que ce téléphone a été volé, merci de le rapporter à la police. J'aurais tout essayé...

La géolocalisation montre qu'à 23h52, il était à deux blocs de la plaza Mayor. J'essaye de me connecter à mon interface de carte de crédit pour voir si des dépenses n'ont pas déjà été faites avec mes cartes enregistrées sur le téléphone, malgré qu'elles soient multi-protégées par plusieurs sécurités, mots de passe, code secret, etc. À propos de code secret, celui qui doit venir déverrouiller l'accès à mon interface de carte de crédit ne vient pas. Je suppute que le voleur a dû se débarrasser de la carte sim au plus vite. Voilà qui me rassure, car il est impensable de bloquer des mes cartes, j'en ai besoin pour mes dépenses courantes. Pour plus de sécurité, je bloque tout ce que je peux à distance, et comme je me sais correctement assurée contre le vol, je me couche sans angoisse.

Je vis alors un étrange moment. Dans ma tête, je suis très calme, mais mon cœur cogne dans ma poitrine. J'observe que je suis en rage! Mon self-contrôle mental est total, mon corps chante cependant une autre chanson. Ça m'amuse. Je m'accorde ce moment de colère. J'admets que je me suis sentie agressée, heurtée dans mon humanité, j'ai toujours de la peine à accepter qu'on se traite mal entre humains. Je sais bien que ça existe! Ça n'est pas acceptable pour autant.

Je mettrai donc un peu de temps à m'endormir en m'obligeant à  mesurer objectivement comment la journée fut exceptionnellement bonne, hormis ce couac de fin. Je réitère ma ferme intention de ne pas  pourrir les vacances à cause de cela. 

Je constate enfin que si je suis geek de la technologie moderne, je ne suis pas addict. C'est rassurant !








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Voyages en tous genres d'une citoyenne temporaire de la planète Terre. Commentaires bienvenus, mieux encore s'ils ne sont pas anonymes.