vendredi 22 juillet 2022

Journée à Tolède

Un mot d'explication sur cette photo saugrenue: quelqu'un m'a parlé de la science du sourire pour un portrait réussi. Il faut s'imaginer qu'on tient un crayon serré entre ses dents, dégager le cou, incliner la tête de trois quarts, ouvrir les yeux et s'assurer d'un bon éclairage... Depuis, je teste et j'envoie mes selfies à la personne en question à toutes fins de critique constructive. — Non, en fait, pour rigoler un bon coup. Elle m'a dit qu'en fait, on tend vers ça:

                  


Ce matin, nous partons en bus pour visiter Tolède. 



C'est une visite organisée très très organisée. Devant l'agence Julia (tiens, on en parlait, justement 😂) , notre guide — Jorge, prononcer Rhorhé — appelle les touristes pour la visite:

— Tolède, toute la journée, billets bleus. Seulement les billets bleus.... Avec moi... Tolède toute la journée-billets-bleus!

À ne pas confondre avec «Tolède, demi-journée, billets jaunes». Il nous rassemble et nous colle un badge sur la poitrine qui dit «Julia». C'est à ce moment que je fais le sourire à la Julia (voir plus haut), peut-être pas encore tout à fait au point... c'est un processus.

Il nous fait monter dans le bus, nous démarrons, et il établit les règles de la journée, d'abord en espagnol et puis en anglais. Déjà dans la première langue, je comprends qu'il faut s'accrocher très fort, c'est très important, molto importante, à notre billet bleu, c'est grâce à lui que nous allons pouvoir visiter les monuments prévus au menu. Très important, billet bleu, molto importante. — Message reçu.

Une passagère entend que nous parlons français, elle dit qu'elle aussi. En français. Elle a passé deux ans à Montreux, elle parle vraiment très bien avec un plaisir manifeste. Maria Carmen. Elle est rigolotte.

À mi-chemin de Tolède, nous stoppons à un petit centre commercial où plusieurs bus Julia Travel sont déjà parqués. Quand nous sortons du bus, Jorge nous colle un auto-collant rond et bleu sur l'épaule gauche et nous exhorte à bien rejoindre le bus bleu dans vingt minutes. Nous sommes le groupe bleu, on l'aura peut-être remarqué... C'est pause café-pipi et souvenirs. On nous fait comprendre qu'un pourcentage de nos achats des horreurs touristiques vendues ici iront dans la poche de Julia (Travel, pas Roberts). Au retour de la pause, Jorge nous distribue un petit récepteur et des écouteurs. C'est pour suivre le commentaire de la visite tout au long de la journée. Il parle dans un micro et nous recommande de presser le pas dès que sa voix faiblira, car ce sera signe que nous le perdons et si nous l'entendons, lui pas.

Nous arrivons à Tolède après une heure et demie de route et faisons d'abord le tour de cette ville fortifiée par l'extérieur. C'est imposant. 


Vue générale avec l'Alcazar

 



Le doigt de Jorge a jailli sur la photo


Le bus nous dépose ensuite au pied des remparts. En cas de perte de touriste dans les petites rues, rendez-vous ici, débrouillez-vous pour retrouver cet endroit, c'est facile, il suffit de descendre. Nous empruntons une série d'escaliers roulants pour atteindre le centre. Quelle bonne idée, les escalators, surtout par cette chaleur! Je ne le mentionne pas tout le temps, mais de tout le séjour, la température n'aura guère passé au-dessous des 33° dans la journée pour atteindre parfois 40 ou 41°.

Nous déambulons dans les rues en vielles pierres et visitons d'abord la cathédrale, puis plusieurs autres monuments et musées ...grâce au ticket bleu! 


Ticket bleu




La cathédrale de Tolède

Gothique flamboyant qui flamboie avec conviction!

 








Pause lunch sur une terrasse. Nous mettrons du temps à remarquer que les gens ont tendance à manger à l'intérieur. Ils n'ont pas tort, c'est climatisé. Je préfère la terrasse, en vacances, même si ce n'est pas le plus malin.

Nous avons ensuite rendez-vous sous l'horloge, à deux pas de la stature de Cervantès. Impossible de ne pas prendre des photos bouffonnes!


   




L'horloge est de l'autre côté

Nous avons encore une visite de je ne sais plus quel édifice et qui ne s'imprime pas de façon indélébile dans mon mental. Je dois dire que là où mon téléphone me manque le plus, c'est pour les photos. Fabienne me propose souvent d'en prendre avec le sien, mais d'être ainsi dépendante n'est pas agréable. Je suis obligée d'envisager les choses autrement...  Bien sûr, j'utilise volontiers ses prises de vue pour le présent blog depuis deux jours, qu'elle en soit remerciée ici. L'avantage, c'est que pour une fois, je suis souvent dans l'image... Bien que très vite remboursée par mon assurance, je me suis abstenue de faire la bêtise de racheter un téléphone à l'étranger, ne serait-ce que pour des questions de service après-vente. 

J'ai la croyance que je crée ma réalité. Je me suis vite demandée pourquoi je m'étais créé de passer des vacances sans téléphone et un élément de réponse fut pour expérimenter d'être déconnectée du monde digital pendant un temps. Dont acte. Tout à l'heure, devant la vue panoramique extérieure de la ville, j'ai emprunté le téléphone de Fabienne pour faire «mes» photos. Et puis tout d'un coup, j'ai ressenti une lourdeur. Compliqué, gênant, la voix me disait que je ne jouais pas le jeu. J'ai alors pris une grande respiration et j'ai décidé de visiter organiquement. 

J'ai commencé à marcher dans les rues en captant tout: les odeurs, les couleurs, la température des pierres, j'ai regardé les toits, humé la fraîcheur capturée dans les rues étroites où le soleil ne pénètre que très peu de temps par jour, j'ai pris des photos mentales des plus beaux cadrages, j'ai écouté la chanson que me chantait la ville quand on prend le temps de l'écouter. J'ai aussi écouté le guide et j'ai appris des choses mais je les ai stockées seulement dans mes cellules. Je serais incapable de raconter ce que j'ai appris et même quels musées j'ai visités. Quand j'en parle, à l'instant, j'ai la ville de Tolède dans la peau. 



Son histoire m'est parvenue aussi en marchant sur ses pavés séculaires en conscience. Et quand je vois la multitude de touristes qui regarde tout à travers l'écran du téléphone, je suis contente de vivre ce que je vis.

L'excursion touche à sa fin, nous rejoignons le pied des remparts où le bus du retour nous attend. 



 

Une fois tous installés dans le bus «bleu», le guide déclare que c'est l'heure de la sieste; elle est bienvenue, ainsi que l'air conditionné à fond. Je m'évaporais, je crois et je sature mentalement. J'avais dans les oreilles le commentaire de Jorge d'abord en espagnol, que je commence à vaguement comprendre, en anglais avec un accent espagnol qui me demande de la concentration et les conversations avec mes copines. Ai-je précisé que le son de ces récepteurs est aigu et désagréable? Avec la canicule aggravée dans une ville creusée dans le rocher, j'ai le cerveau en bouillie. Installée sur mon siège, je ne bouge plus et obtempère volontiers à l'injonction de la sieste.

De retour à l'hôtel, nous plongeons avec volupté et spritz dans le jacuzzi.

Nous ressortons à la fraîche pour manger et arrivons une fois de plus sur la plaza de Santa Ana. Pensée pour notre amie. Une paire de photos bouffonnes pour elle que nous lui envoyons sans tarder.







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Voyages en tous genres d'une citoyenne temporaire de la planète Terre. Commentaires bienvenus, mieux encore s'ils ne sont pas anonymes.