mardi 11 juin 2019

Arrivée de Silvia & Cie

Un coup de fatigue nous frappe toutes les trois de manière différente. Mary Beth présente un syndrome grippal naissant, Hisako a mal à la tête et de mon côté, je suis vasouillarde. Je crois que je suis réveillée. À la question de comment je me sens, je réponds que je me sens «immobile». Pas bloquée, mais stoppée. «Buffering», me dit Mary Beth. «Mise en mémoire tampon» dit le dictionnaire: tu sais, c'est quand l'ordi fige et que la petite roue tourne. C'est exactement cela. Figée. Ce n'est pas désagréable. Nouveau.

La forme étant au ras de la ligne de flottaison, nous décidons de ne pas bouger. C'est donc une journée plutôt silencieuse où nous prenons soin de soi et les unes des autres dans une ambiance douce et bienveillante.

Je m'occupe l'esprit avec un film, puis je plonge dans une sieste courte mais profonde. À un moment, je suis entre deux eaux. Mon corps est lourd et j'ai une sensation de paralysie et ma respiration est étrange: je suis respirée profondément. Besoin de remplir mes poumons complètement comme si quelqu'un ou quelque chose m'enjoignait de le faire. Même pas peur, et c'est ça le plus étrange. Pas d'explication autre que la marche actuelle du temps et puis ai-je même besoin d'une explication? Je prends note, c'est tout, j'observe.

J'adore cette maison et elle me le rend. Je me sens enveloppée et protégée, l'endroit est propice à la méditation. Je sens monter une inspiration nouvelle dont j'ignore encore comment elle va se manifester. On verra.

Ma chambre










Les doigts d'Hisako à gauche, je l'ai dérangée dans sa toilette pour prendre les photos, elle me le rend. 











Brad, le propriétaire, passe remplacer la poignée de porte qui était cassée. Il vient réparer la panne du lave-linge — le bouton protection enfant était enclenché — et nous lui donnons la liste des petites choses qui ne vont pas. Il est content, il dit que si les invités ne disent rien, difficile pour lui de savoir ce qui cloche dans la maison. Il est charmant, il répète qu'il faut l'appeler en cas de besoin et il part en oubliant sa veste.

Silvia arrive aujourd'hui, elle restera avec nous pendant une petite semaine, ça faisait un petit moment qu'on avait envie de passer du temps ensemble. Elle a voyagé avec Jonathan, Sandra, Jorge, Gabriela et Tom. C'est l'équipe du tournage du film «Rude Awakening», ils sont arrivés à Denver hier, ont passé la nuit et on pris la route ce matin pour Santa Fe dans un minibus de location. Ils s'annoncent en fin de journée et s'invintent à manger. Ils ont de la peine à trouver la maison, leur GPS les perd dans le quartier. C'est donc assez tard qu'ils finissent pas arriver, les bras chargés de nourriture et de boissons.

Nous étions en train de nous liquéfier de fatigue, leur arrivée provoque la seconde vague d'énergie de la journée. Tellement de bonheur autour de cette table avec les gens de notre «cluster». Pour ceux qui n'ont pas vu la série Sense8: il s'agit de la famille vibratoire proche. Dans la vie, il y a la famille biologique et personne ne m'objectera que ce ne sont pas forcément les gens les plus proches de notre intime sensibilité. Petit à petit, en grandissant, on attire autour de soi des gens de même longueur d'onde et à terme, ceux de la même «cluster». Les gens présents autour de la table ce soir sont sans doute de cette grappe.










Ce sont de joyeuses retrouvailles. La dernière fois ensemble, c'était à Bled en Slovénie et ça semble des siècles en arrière. Huit mois...

Le vin est superbe et l'alcool accentue la joie. D'habitude, c'est le moment pour moi où la soirée commence à devenir pesante. Les conversations qui augmentent en décibels, les surenchères de plaisanteries pas toujours de bon goût, le taux de stupidité qui augmente avec le taux d'alcool dans le sang et les aspects égotiques des uns et des autres qui entament la danse du petit pouvoir me font me retirer graduellement dans ma coquille. Je souris, ris à l'occasion, refuse qu'on remplisse mon verre et je finis par m'emmerder ferme.

Ce soir, c'est différent. Tout d'abord, le taux d'alcool révèle un niveau collectif de stupidité nettement moins grand que la moyenne. Après quelques minutes de débridement, l'équipe commence à parler du film ce qui focalise l'attention générale. C'est qu'il va parler de nous, ce film. De ce parcours de vie que nous partageons en conscience, chacun à sa manière, cheminant de concert vers ...comment appeler cela? Réalisation est le meilleur mot. Nous avons tous, à un moment de notre vie, pensé qu'il y avait plus que «ça» dans la vie. Le métro-boulot-dodo ne pouvait décidément pas justifier notre présence sur Terre, il devait y avoir une meilleure raisons à cela. Nous nous sommes tous mis en quête de sens de la Vie et nous nous sommes croisés sur la route. Ça nous a fait tellement de bien à l'âme que c'est difficile de ne pas nous retrouver à la première occasion pour partager nos cheminements.

Le film va parler de cet éveil — rude — et se demander: «et après?». Inutile de dire que les discussions autour de ce sujet donnent à la soirée mon ambiance préférée: quand les humains sont de bonne volonté, ils génèrent une énergie nouvelle, difficile à décrire, qui contient joie, authenticité, respect, amour, imagination et plus encore...

Il est 1h30 quand les amis reprennent la route pour leur AirBnB dans le centre de Santa Fe.




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Voyages en tous genres d'une citoyenne temporaire de la planète Terre. Commentaires bienvenus, mieux encore s'ils ne sont pas anonymes.