jeudi 13 juin 2019

Vol en ballon

Réveil à 3h du matin pour être à Albuquerque à 5h pour un vol en ballon. Je ne me réveille pas vraiment, mon cerveau insiste pour continuer sa nuit. J'avale un milk shake, histoire de faire croire à mon estomac que la journée commence, je ne sais pas si ça me fait du bien ou du mal. Dans la voiture, je ronchonne intérieurement. Pô envie d'être là. Mais qu'est-ce que j'en ai à foutre d'un tour en ballon, moi? Je veux être dans mon lit et dormir!

Nous allons jusqu'au Hilton de Santa Fe pour chercher Debbie qui a eu cette idée d'un vol en ballon et nous l'a proposé. C'est tout juste si je ne lui en veux pas... Je somnole pendant l'heure que prend le trajet et nous arrivons au point de rendez-vous. Evidemment, charters touristes, Albuquerque est une capitale mondiale de l'aérostat. C'est bien organisé, à l'américaine, nous prenons nos billets après avoir signé une décharge. Hisako commence à lire à haute voix ce qu'elle va signer, elle est priée de se taire après: «je sais que ce que je m'apprête à faire est dangereux...»


Un check sur la bucket list



Nous attendons dans un hangar. Sur notre bulletin d'inscription, un prénom: Neil, c'est celui de notre pilote du jour. Les gens sont appelés par groupes de douze et suivent leur pilote. Quand c'est  notre tour, il n'y a que nous quatre dans l'équipage. Joie! Un ballon juste pour nous! Neil nous présente Robert, son «chasseur». Nous embarquons dans une camionnette. Dans la remorque, la nacelle, un gros panier en osier dont un tiers est déjà occupé par des bouteilles de gaz, et un gros sac qui contient la voilure du ballon. Nous nous rendons sur un grand parking pour décoller. Au départ, il y a huit ballons. Le nôtre est le plus petit.

Neil est un marrant. Nous faisons tout de suite la conversation dans la voiture, il a un humour incisif que j'adore. Quand Mary Beth lui demande s'il a grandi à Santa Fe il répond: «Oui. Enfin... pas encore». Il enchaîne les plaisanteries de ce genre et souligne le fait que Robert les a déjà entendues mille fois.. Ledit Robert sourit et en rajoute. Ambiance rigolotte dès le départ.

Petit retour en arrière. Un jour d'avril ou de mai, Mary Beth nous contacte pour nous dire qu'elle «pense nous avoir inscrit pour un tour en ballon». Ce matin, elle nous raconte que ceci était effectivement sur sa «bucket list» — liste de choses à faire avant de mourir — mais qu'elle était tellement terrorisée à cette idée qu'elle ne cessait de repousser cela plutôt du côté de sa fin de vie, des fois qu'elle la perdrait à cette occasion. Quand Debbie lui a proposé la chose, elle a dit oui en pensant que jamais nous n'accepterions. Elle a été super surprise quand nous avons répondu: «YES! Génial, super!» Du coup, elle n'a pas voulu se dégonfler et a été prise au piège. Elle n'en mène pas large, même si elle fait bonne figure.




Nous sommes mises à contribution pour le gonflage. D'abord remplie d'air ambiant, la toile reste couchée sur le sol. Il faut l'air chaud pulsé par les deux grosses flammes pour faire se redresser le ballon et le gonfler complètement. Neil nous donne des consignes de sécurité, comme celle de faire attention en s'approchant du gros ventilateur, il ne pardonnerait pas, par exemple, qu'une écharpe soit prise dans son hélice.










Debbie et Mary Beth font toutes les deux un bon travail de gonflage de ballon.












Nous grimpons dans la nacelle, encore des consignes de sécurité, entre autres pour l'atterissage, et ça me rappelle la position à prendre à réception au sol d'un vol en parachute.

Robert nous prend en photo juste avant l'envol.


Un gros souffle d'air chaud et nous décollons





Magique.

Tout en douceur, nous nous élevons dans l'air.






































Neil nous explique qu'ici, il y a une fenêtre entre 5h et 7h30 du matin pour voler. Après, les thermiques au sol compliquent sérieusement les choses et sont même dangereux. Nous nous élevons jusqu'à 700 mètres au-dessus du sol et parcourons 23 km. Pas tout à fait en ligne droite, d'abord en direction du nord, puis ouest, puis une petite épingle quand nous sommes proches du sol pour atterir dans le sable au milieu de nulle part, bien en-dehors de la ville.








Je filme alors que je m'attends à un choc à l'atterrissage, l'image est pour le moins confuse, mais le buisson qu'on voit à la fin est celui qui a empêché la nacelle de basculer. Pendant ce temps, Hisako filmait avec brio, je lui ai piqué sa video:

















Nous aidons Neil et Robert à plier la voilure dans le sac, ils chargent la nacelle, fin de ce moment épique. Un café nous est offert de retour au hangar où nous restons à échanger un grand moment avec Neil qui convient avec nous que ce fut un superbe vol en excellente compagnie. Il fait bon rencontrer ce genre de personnes qui ont compris les choses importantes dans la vie comme la passion du ballon. Il s'ouvre un peu et nous apprenons qu'il partage la garde de ses petits-enfants avec leurs autres grands-parents; nous comprenons que les parents sont aux prises avec les démons de la drogue. Il fait ce qu'il peut, il a compris qu'il ne peut que faciliter une cure de désintoxication, il ne  peut pas la suivre à la place de son enfant. En attendant, il vole tous les jours en ballon, deux heures au lever du soleil, et il savoure la vie quand elle est belle. Nous nous quittons avec un hug, conscients de s'être mutuellement enrichis de ce moment ensemble. 

Faim! Nous avons faim. Nous allons prendre le petit déjeuner au Flying Star, nous écumons la bijouterie qui se trouve à côté et nous rentrons à la maison pour une sieste qui se fait sentir depuis un moment. 








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