dimanche 9 juin 2019

Denver — Santa Fe

Nous bouclons nos valises et quittons la maison à 10h. Madame Google Maps nous prévoit 6h20 de voyage, ça nous prendra dix heures et demie. Tout d'abord, il faut passer au centre commercial pour acheter de quoi fixer le smartphone sur le pare-brise à toutes fins de GPS. Ça prend un moment, d'autant qu'on rajoute un café histoire d'avoir la dose de caféine suffisante pour la route.



Nous avons décidé de prendre la route scénique qui grimpe dans les montagnes. Nous allons passer de 1600 m d'altitude à Denver à 2200 m à Santa Fe. Nous nous arrêtons à mi-chemin à Alamosa pour manger.

Nous trois confinées dans voiture, la conversation a été ininterrompue. Je ne me lasserai jamais d'entendre les histoires de vie des uns et des autres. Nous avons à la fois des parcours complètement uniques et individuels et tellement similaires que c'en est émouvant. Nous venons de trois continents et cultures différents et nos parcours se ressemblent étrangement, nous avons beau avoir déjà passé des semaines ensemble, l'intérêt l'une pour l'autre ne faiblit pas. Et puis nous avons toutes les trois vécu des choses intéressantes depuis la dernière fois que nous nous sommes vues...

Au moment du lunch, j'ai un étrange de malaise. Pression sur la tête, vague nausée et hypersensiblité au bruit au point que j'ai envie de demander de baisser le son. Ça dure un moment et ça passe. Je mets ça sur le compte, pêle-mêle, du décalage horaire, de l'altitude des énergies du jour, de la météo et de tous ces satellites qu'ils envoient dans la stratosphère. Non, sans blagues, je serais bien en peine de dire avec certitude ce que j'expérimente, en revanche, je ne suis pas inquiète, d'autant que je ne suis pas toute seule à ressentir ce genre de choses. Cela dit, je sais que cela à avoir avec un changement dans la conscience collective et je ne suis pas la seule à avoir ce genre de symptômes.

La route est magnifique. La démesure des paysages, les grands espaces, la végétation changeante, la splendeur de la lumière une fois de plus me font penser que «nous avons une belle planète» et je suis remplie de gratitude.

Nous arrivons à Santa Fe à 20h30 au coucher du soleil. Nous ouvrons la boîte à clef avec le code que Brad, le propriétaire, nous a envoyé par mail. Nous avons zappé l'avertissement qu'il y a une alarme, elle se déclenche. Le bruit est affreux. Impossible de trouver comment l'arrêter. Mary Beth appelle Brad au téléphone qui explique qu'il faut bien appuyer sur la touche de la télécommande de la clef, mais plus longtemps et en tournant la clef dans l'autre sens. 🙄

Après plusieurs minutes, enfin le bruit cesse. Nous n'avons pas encore sorti nos valises qu'un mec en uniforme se présente à la porte. C'est le shérif qui s'est déplacé, il demande si tout va bien. Nous lui expliquons ce qui vient de se passer, nous nous en excusons et il s'en va après avoir demandé plusieurs fois si «tout va bien, ladies?». Il est charmant, ce shérif, où sont les cow-boys dans ce western? Mary Beth me dit que quand je serai seule, entre le 21 et le 23, en cas de besoin, je pourrai toujours enclencher l'alarme pour le faire venir.

Elle et Hisako vont retourner à Denver pour la célébration de fin d'année d'un cursus que je n'ai pas suivi et à laquelle, bien évidemment, je ne suis pas conviée. Je me réjouis de ces jours d'une retraite solitaire qui ne me faisait pas peur jusqu'ici mais voilà que tout soudain, un petit diable s'insinue sous mon scalp. Il faut dire qu'il fait nuit, nous ne sommes pas encore vraiment installées dans ce nouveau lieu et nous venons d'avoir quelques palpitations à cause de cette alarme.

Il me faut quelques minutes pour virer le petit diable de mon esprit et balayer derrière lui les résidus d'une peur qui n'est pas la mienne. Après avoir choisi nos chambres, mangé et rangé nos affaires, c'est dodo.

Départ de Denver




Après le virages, les hauts sommets des Rocheuses







Les ranches qu'on aperçoit depuis la route me fascinent. Ils sont au milieu de nulle part, on dirait un mini-village à chaque fois. Hormis l'électricité qui suit toutes les routes et dessert le pays entier, ils ont leur propre source d'eau et cultivent leur nourriture. Je les imagine l'hiver sous la neige. Ces endroits évoquent pour moi les premiers pionniers qui ont parcouru le pays avec leur cariole, s'arrêtant là et déclarant «voilà, c'est chez moi». Ils n'ont pas bougé depuis.



Le bétail jouit d'hectares de prairie pour paître. Ce sont indubitablement des vaches heureuses.

L'électricité qui suit la route.




Le Colorado possède le plus grand nombre de sommets qui dépassent les 4200 m.


Au Nouveau Mexique, la végétation change.

Ces mini pics sont taillés ainsi par le vent.



Coucher de soleil à Santa Fe.





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