vendredi 7 juin 2019

Journée d'acclimatation

Couloir depuis ma chambre

Master Salle de bain




Chicca, notre voiture de location. La blanche en premier plan.

Je ne suis pas encore en mode photo.
Nous revenons dans cette maison en fin de séjour, je songerai à prendre plus de photos.



Journée intégration du décalage horaire. Rien de prévu au programme sauf de suivre le flux. J'ai fait du café à l'aube et j'ai fini le premier article de blog. Moi qui n'étais pas sûre d'avoir envie d'écrire pendant ce voyage...

À peine réveillées, nous parlons. De nous, de nos vies respectives, de nos projets, de nos envies, de la marche du monde, de tout ce qui ne va pas et de comment ça irait mieux si c'était nous qui nous en occupions. Comme d'habitude.

Je l'avais déjà déclaré et je le répète à mes amies que pendant ce voyage, j'ai besoin d'en finir avec la haine de mon corps. Je veux célébrer qui je suis, pour cela, j'ai besoin et envie de changer mes habits. Je veux que mes vêtements reflètent la personne spectaculaire que je suis. Elle a raison, l'autre Patricia de l'aéroport: je suis fabuleuse, il est temps que ça se voie. Je n'en peux plus de ces auto-jugements sévères qui fusent intérieurement dans un réflexe installé depuis des âges. Des dizaines de fois par jour et je n'exagère pas. Je suis qui je suis. L'apparence de mon corps est anecdotique, mais un aspect fort en moi contrôle des états d'âme parasites qui empêchent l'amour inconditionnel de qui je suis. Si je n'ai pas pour moi cette acceptation inconditionnelle, aucune chance que les autres l'aient. C'est comme ça que ça marche, ça au moins, c'est une chose sûre. Je vais donc transformer l'aspect «pas assez bon» en «tout est toujours bien». Ça donnera un autre mantradala dans la Saga du Dragon.

J'ai prévu un budget conséquent pour cela et je dis à mes amies que j'ai besoin d'elles pour m'aider à oser en grand et aussi pour le fun de faire du shopping entre filles. Ce sera donc au programme de samedi, aujourd'hui, on manque de jus pour cela.

Il fait d'abord très beau et je prends mon premier bain de soleil de l'année. Je savoure! Mini coup de soleil, j'oublie que nous sommes à 1600 mètres d'altitude, ce sont les conditions station de ski, le soleil brûle plus vite. Nous sortons prendre le lunch et faire des courses vers 15h. Timing normal en mode voyage. La météo est changeante. Ça tourne à l'orage sur les Rocheuses, on voit des paquets de pluie tomber çà et là et pour finir, sur nous. L'orage passe vite, restent des rafales d'éclairs si loin qu'on n'entend même pas le tonnerre. Ambiance de pré-apocalypse avec des effets de lumière saisissants. Zut, j'aurais dû prendre des photos, apparemment, je ne suis pas encore en mode reportage.

Denver est une région très plate, la ville a pris ses aises pour s'étendre. C'est une ville qui s'est énormément développée ces dernières années avec une meilleure conscience de bien faire. Dans la périphérie où nous sommes, pas de grands immeubles mais des townhouses à pertes de vue: des quartiers de villas individuelles ou jumelées dont certains sont plutôt jolis. Ça donne une ambiance générale de bien vivre. Des centres commerciaux un peu partout, grands parkings, un réseau autoroutier efficace qui relie ces quartiers surburbains entres eux. Beaucoup de végétation, la ville respire au point qu'on la croirait à la campagne. Tout cela est hélas un peu impersonnel. Tout le monde circule tout le temps, pas d'endroits pour provoquer des rencontres: pas de place du marché ni de café de la poste pour occasionner les rencontres, pas de paresse anisée au soleil, seulement de la consommation et de la vitesse. C'est l'Amérique.

Townhouses



Et à l'occasion, un centre commercial...

...en guise de place du village

Je raconte en détails à mes amies ce qui m'est arrivé juste avant le départ: la maison d'édition québécoise avec laquelle j'avais signé un contrat d'édition de mes cartes «La Voie de son Maître» a annulé le contrat. En lisant le mail un peu brutal que je reçois, je me surprends à penser un «YES» percutant. Diane, qui m'avait proposé le contrat, m'avait annoncé une date de parution dans les douze à dix-huit mois avec emphase sur les douze mois. Comme on approchait de cette date, j'avais été aux nouvelles. Tout paraissait en bonne voie sans qu'elle puisse me donner une date précise, cependant. J'avais alors sommé mon impatience un peu précoce d'aller se faire voir ailleurs. Et puis le temps passant, j'avais relancé une seconde fois et c'est là que j'ai appris par un mail de réponse automatique que Diane avait pris sa retraite. Qu'à cela ne tienne, sa collègue prenait la suite et elle allait me tenir au courant. Le temps passait et rien ne se passait. Alors j'avais manifesté mon impatience et c'est là que j'ai reçu, la semaine avant mon départ, une rupture de contrat sous un prétexte bidon.

J'ai transmis ce dossier à ma juriste — j'adore ce que je viens de dire!!! — qui est en vacances et qui verra ça plus tard, mais je sais déjà que je n'ai aucune envie de me bagarrer. Lui dire ma façon de penser, certainement; j'aimerais bien aussi lui mettre la honte de maîtriser si mal la langue pour une prétendue éditrice. Piqûre de chieuse pour me défouler.

C'est une bonne nouvelle malgré le choc. J'ai très vite envisagé une autre solution dont je parlerai dès que ce sera fixé dans le marbre, il se peut même que le délai de parution soit respecté et que ce soit avant Noël. Le plus important, c'est que cette voie est plus fluide, elle permet la grâce et l'aisance alors qu'au Québec, un truc a coincé à un moment. Une magie des petites cartes un peu trop perturbatrice? Bien possible.

C'est qu'elles sont bien connectées, ces cartes. Elles demandent une voie un peu plus royale pour voir le jour. C'est intéressant de voir que c'est arrivé juste avant mon départ, comme pour bien indiquer que la suite, c'est définitivement avec les nouvelles énergies.

Et c'est l'objet de notre discussion de fin de journée. Le nouveau. Ce qui ne l'est pas, c'est l'attraction qui nous rassemble toutes les trois. Depuis 2016 que nous nous sommes rencontrées — retrouvées — à Hawaii, nous avons cette grosse et belle en-Vie de vivre ensemble. Une magie est générée quand nous sommes les trois, vraie fontaine de Jouvence et de création pure. Mary Beth nous annonce alors qu'elle a fixé sa date de déménagement en Europe. «Avec ou sans vous, les filles». À Amsterdam, comme elle le sent depuis le début.

Je ne le remarque pas tout de suite, mais un aspect petite fille jalouse frémit en moi. Mary Beth nous explique comment elle a pris cette décison. Elle louvoyait, cherchait des sécurités, un job pour s'assurer un revenu, des réassurances qu'elle n'allait pas être toute seule; autant de prétexte fallacieux pour ne pas franchir le pas. Son job, elle le pratique sur internet, quoi de mieux pour être nomade? Les amis, il en a une belle grappe en Hollande, c'était quoi cette résistance? Elle a alors compris que dans la nouvelle énergie, ça marche inversément. Fini de visualiser un but, de le fixer devant de soi et travailler à sa réalisation. Le rêve est en soi, enraciné sur la passion et la joie. On met un pied en avant, bien connecté à cette joie, et le but ou le projet se révèle et se matérialise bien au-delà de ce que notre pauvre mental limité a pu imaginer.

Le nouveau, c'est «au-delà». Territoire inexploré. Jamais vu encore, donc impossible à visualiser. Même ça, c'est dur d'imaginer tellement le mental est expert sans l'art de la limitation. Il croit dépasser ses limites, mais il est encore dans la limitation, le mental étant limité par définition. Pour le dépasser, entrer dans le monde des sens. Plus de mots, juste un concept, une vibration, un souffle.

Mon rêve? Si je vous le dis, je le limite. Si vous voulez le connaître, il va falloir trouver votre joie et votre propre passion et me suivre dans la brèche que je suis en train d'ouvrir. Et ce sera encore au-delà de cela, car tant que nous parlons, nous sommes toujours dans le mental, et le mental est quoi....? Limité. Bonne réponse.

C'est en gros ce que nous explique Mary Beth, mais au milieu de son exposé, j'explose. L'aspect mentionné tout à l'heure surgit. La jalouse refuse que Mary Beth choisisse de rejoindre d'autres amis. Une pisseuse en moi gémit et pleurniche que la météo n'est pas assez bonne à Amsterdam, que je vais me sentir misérable si je décide d'y vivre et que là-bas, il y a des gens qui me rejettent et qui ne m'aiment pas. Oh, l'aspect le dit en des termes bien plus subtils, presque crédibles. — Drama queen!

Heureusement, Mary Beth ne gobe pas et je sens que Maître Hisako non plus. Ses éloquents silences sont impérieux. Elle me tendent toutes deux un miroir dans lequel je rechigne encore deux minutes à regarder un limpide reflet. C'est le même réflexe de survie que Mary Beth a eu ces derniers mois à trouver moultes prétextes pour ne pas mettre en action sa décision de longue date de déménager en Europe. À noter que ceci est un signe de bonne santé mentale. Le nouveau, c'est l'inconnu. L'inconnu, c'est l'insécurité et le cerveau est programmé pour fournir de la sécurité. Il va proposer n'importe quoi pour nous empêcher d'avancer vers l'inconnu et ce qu'il me propose à l'instant, c'est vraiment du grand n'importe quoi: «Personne ne m'aaaaime»...

Mary Beth le ponctue magistralement :

— Tu ne vas pas laisser les autres décider de la suite de ta vie?

BAM! En plein plexus. Une grande respiration pour transformer. À l'intérieur, l'étrange stress de ces dernières semaines disparaît enfin. La porte s'ouvre et une bouffée d'air frais envahit mes poumons. Un poids en moins. Le Dragon vient de cracher son feu sur cet aspect qui devient une facette de confiance que «tout le monde m'aime puisque je m'aime».

J'avais formé des projets pour les mois à venir, mais maintenant que la peur de l'inconnu est identifiée et déblayée, il s'agit de les revisiter. Retour à la question: je veux quoi, moi, vraiment? Oh, je la connais la réponse. Ma passion d'âme est la même depuis un bon moment qui se dévoile un peu mieux tous les jours à ma conscience. Elle vient du fond des âges, elle a justifié un si long parcours. Je l'avais oubliée en route, elle était enfouie sous des couches de conscience limitée, il y avait des choses à expérimenter avant de pouvoir la retrouver.

C'est encore indicible en raison de ce que j'ai dis plus haut: c'est au-delà du mental, c'est hors limitations et les mots pour le dire sont à inventer. C'est aussi de l'ordre de l'ultra intime un peu plus difficile à partager sans crainte. Donc, à suivre.







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