lundi 24 septembre 2018

Pause

Moishe lit mon blog. Pas en français mais dans l'anglais de l'intelligence artificielle de Mme Google. L'autre jour, il pouffe en lisant à haute voix une phrase traduite mot pour mot et ponctue: «it's cheesy». «Quoi?... Cucul toi-même, morveux!» répond la peste en moi; mais je reste muette parce qu'il n'a pas tort. Traduit ainsi, ma prose est affreuse! Je l'assure qu'en français, ma phrase est jolie et pas mal littéraire mais il a marqué un point. Depuis quelques jours, mon récit n'est qu'un vague reflet de ce que je vis et le tri des photos avec quatre jours de retard est devenu une corvée.

J'écris ce blog pour moi avant tout. Pour trier et mettre en valeur mes plus belles photos et pour garder le souvenir de mes meilleures journées de voyages. On dit que les voyages forment la jeunesse, je dis qu'ils glânent de la sagesse et c'est cette récolte que j'ai envie de distiller et aussi de partager.

Or, depuis quelques temps, mon blog est cucul, Moishe a raison. Donc, ce soir, en arrivant à Castiglion Fibbocchi en Toscane, j'appuie sur le bouton pause quand je me rends compte, isolée pour écrire, que je m'emmerde. J'ai envie d'être avec mes copines, pas d'écrire. Pas question de plomber le présent avec un devoir que j'ai cru bon de m'imposer, je me dis que je peux même décider d'arrêter complètement, après tout, c'est mon blog, ma vie, n'est-ce pas?



D'autant que mes photos sont devenus un cauchemar informatique. Flashback au Portugal où la batterie de mon appareil photo est morte, impossible de la recharger. Quoi!? Je viens d'en acheter une nouvelle juste avant le départ! J'avais passé au magasin, perplexe, je trouvais que la durée de vie de ladite batterie était bien courte. «Six mois» d'espérance de vie, me dit le préposé. Je sursaute et je boude: au prix de la batterie, c'est une courte vie de grand luxe! De plus, c'est faux, car le problème est récent.

J'avais acheté cet appareil en Angleterre, j'ai donc une prise anglaise pour son adaptateur et la batterie d'origine a duré deux ans avant que je ne doive la remplacer. Comme il s'agit d'une prise USB, j'ai parfois rechargé l'appareil sur l'ordinateur et un jour, je l'ai branchée sur la prise de mon smartphone sur le secteur. Ça a marché, la batterie a chargé, puis je l'ai vidée en faisant des photos et la seconde recharge l'a grillée. Je comprends aujourd'hui que ce n'était pas smart — pas intelligent. Allusion au smartphone... pigé? —, l'ampérage pour le smartphone doit être différent que pour cette batterie. Comme je n'ai pas l'adaptateur sur moi — vous avez vu la taille des prises anglaises? —, je range mon petit Nikon au fond de ma valise, je ferai désormais mes photos avec mon iPhone. Jusque-là, tout va bien, je suis seulement un peu contrariée, j'ai un super zoom sur le Nikon qui va me manquer.

C'est au moment de mettre les photos sur mon Mac que ça se gâte.

Steve Jobs est mort et il me manque. Sous son règne, tout était intuitif, désormais, ce n'est plus toujours le cas. Avant, je branchais mon iPhone sur le Mac avec le câble USB et tout se faisait automatiquement avec grâce, aisance et simplicité. Aujourd'hui, il faut savoir configurer exactement où et quand je veux mes photos, impossible de faire un choix simple, ça passe par des interfaces compliquées, ça met mes images dans des albums, des catégories, des dates, des favoris, des nuages. Je constate un jour que toutes ne sont pas transférées. Je découvre que les photos «live» — un procédé de prise de vues en rafale plutôt bien foutu qui permet d'avoir toujours une photo impeccable lors de mouvements — ne sont pas importées. Zut! Je m'arrache les cheveux avant de trouver le bouton sur lequel cliquer pour qu'elles le soient. Steve aurait mis cette option par défaut pour les blondes comme moi. Je dis juste...

Tout ça pour dire que mes photos sont en vrac un peu partout sur mon ordi, sur le smartphone, sur le nuage et dans la dropbox. Ça me gâche complètement le plasir de traiter mes images, pour tout dire.

Je finirai donc ce voyage en ne prenant que quelques notes sur nos activités quotidiennes, pas même sûre d'y revenir un jour, je voyage non pas pour écrire mais pour vivre des expériences intéresssantes. Je me sens soudain plus légère.
...

Une semaine après le retour, je reprends mes écrits, parce que je suis remplie d'usage et de raison, à l'instar d'Ulysse qui fit un beau voyage et que je suis partageuse. Écrire me permet également de retirer la substantifique moelle de mon vécu. J'ai appris qu'il y a de grandes philosophies dans de furtifs moments d'aspect anodin.




Nous arrivons donc ce 24 septembre 2018 à Fattoria La Vialla, à Castiglion Fibbochi près d'Arezzo. C'est la plus grande ferme européenne de biodiversité gérée par Mauro, le mari d'Annette qui s'occupe, elle, des relations publiques. Mary Beth a rencontré Annette il y a sept ans dans un séminaire du Crimson Circle, elles ont toujours gardé le contact. C'est grâce à cette connexion entre Shaumbras que nous séjournons ici, la ferme faisant également maison d'hôtes.

Shaumbra, c'est notre nom de «famille» de gens de même vibration qui se rassemblent autour du crimson circle, cette organisation qui m'a permit de rencontrer entre autres Mary Beth et Hisako, mes soeurs de longue date. La première fois que j'ai entendu ce nom de Shaumbra, une infinie tendresse s'est réveillée au fond de mes cellules tandis que la voix du juge intérieur interrogeait: «C'est quoi cette secte?». D'autres mémoires de manipulation et d'abus ont été secouées, gardant un œil vigilant sur ce que je découvrais au sein de cette organisation, veillant bien à ce que tout lavage de cerveau ne se reproduise pas. À mesure que je découvrais les enseignements, non seulement ma vie prenait plus de sens mais je retrouvais une joie perdue depuis trop longtemps, alors un jour, j'ai décidé que lavage de cerveau pour lavage de cerveau, celui qui prônait la souveraineté, la liberté, les rassemblement joyeux, le café et le bon vin était de nature à me convenir. Je n'aime pas trop en parler, parce que c'est intime et précieux dans ma vie et que je n'ai pas envie qu'on me l'abime, mais retenir le partage de ce pan de vie est précisément ce qui m'a amenée au blocage du blog. Je vivais tant de choses à un autre niveau que bêtement touristique qu'il m'était devenu impossible d'en parler à cause de cette censure que je m'imposais. Fin de cette censure ici.

Shaumbra, c'est surtout un niveau élevée de vibration de taux d'amour inconditionnel. Après quelques échanges de whatsapp, Mauro nous trouve enfin sur la propriété, un peu en contrebas de l'endroit qu'il nous avait indiqué comme rendez-vous et que nous n'avons pas réussi à trouver. On se saute dans les bras alors qu'on se voit pour la première fois. Enfin, excepté pour Mary Beth qui le retrouve avec joie. Pour moi, c'est l'amour instantané! Ce n'est pas le cas avec tous les Shaumbras, loin s'en faut, mais là, c'est sans équivoque. Je dois connaître ce mec d'une autre vie, il m'est incroyablement familier. Il faut dire que souriant et affable comme il est, c'est facile de l'aimer tout de suite!

Annette est occupée ailleurs sur le domaine, nous nous verrons demain. Mauro nous explique le fonctionnement de l'endroit, distribue instructions, conseil et carte des environs et il nous conduit à notre maison. Nous serons les trois filles dans celle qui fut la première de l'aventure et qui est généralement réservée aux VIP.

Vue de la terrasse

La Terrasse



Accueil

Taux élevé d'amour



Moishe sera dans une autre maison ...à 3 km. Quand Annette nous avait dit «plus loin», je n'imaginais pas une telle distance.



Ça tombe bien, notre groupe avait besoin d'une respiration. C'est que notre trio de nanas est une entité solide et peut-être un peu exclusive. Notre lien est fort, testé déjà par des semaines de voyages ensemble. À Hawaii, il semblait que de voyager avec Moishe allait être aisé, mais voilà que ça grince dans les rouages. Nous passons du temps à en discuter entre filles pour trouver comment et où mettre de l'huile afin que la fin du voyage ne soit pas pourrie. La bonne volonté de chacun et le taux d'amour général fera qu'il a suffit d'une ou deux discussions, menées par Mary Beth avec sensibilité avec Moishe et dans leur langue maternelle, pour dissiper les nuages qui s'amoncelaient. Qui a dit «Paix sur la Terre aux hommes de bonne volonté»? C'est ce que j'aime en nous et «Shaumbra» est peut-être le mot clef qui définit précisément ces gens de volonté bonne.

Quand le soleil se couche sur ce paysage toscan, la vie ressemble furieusement au paradis.





Photo prise deux jours plus tard, la bonne harmonie retrouvée



Je n'avais pas encore testé les lits...













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Voyages en tous genres d'une citoyenne temporaire de la planète Terre. Commentaires bienvenus, mieux encore s'ils ne sont pas anonymes.