dimanche 2 septembre 2018

Praia da Granja

Après quelques heures plutôt ennuyeuses à traîner à l'aéroport, ce sont de sonores retrouvailles avec Hisako et Mary Beth. La première est au-delà de la fatigue vu le long voyage qu'elle vient de faire mais la joie nous booste les énergies.

Chez Budget, José change complètement la réservation. Madame Computer ne veut qu'une seule sacro-sainte carte de crédit par réservation. J'ai commis le péché d'oublier la mienne, je suis virée du système. Je médite sur ce qu'on appelle de nos jours l'Intelligence Artificielle. Mh... Besoin d'en dire plus? Mon avis est que cette intelligence n'a que celle qu'on lui insuffle.

Ce n'est plus une BMW qui nous est offerte, le coche a été loupé, c'est une Fiat 500. Quoi!? Je visualise le petit oeuf bien connu des hippies des années 80. Pour nous trois et nos valises? Ça va pas le faire!!  Non, j'ai zappé le X. Fiat 500X et c'est une autre histoire.




Nous arrivons à bon port, et c'est presque ça: la maison est sur la plage. Il me faut un peu d'acrobatie pour ouvrir le portail, je dois atteindre la poignée intérieure. Mon bras est un peu court, je prends ma bouteille d'eau comme extension pour appuyer sur la poignée. Elisa, notre hôtesse, a laissé la clef dans la boîte aux lettre et une lumière allumée pour nous. Elle avait une soirée de prévue et n'a pu nous attendre.

Nous papotons encore un moment avant de nous effondrer sur nos lits respectifs. Je visionne un film sur mon ordi quand je me rends compte que je ne suis plus l'histoire car je dors. J'éteins tout mais le fait d'avoir bougé me remets les neurones en marche. Je songe soudain que je dois annuler ma réservation de voiture. Je rallume l'ordi et je surfe sur le site à la recherche du bouton d'annulation mentionné dans les questions fréquentes. J'ai beau faire, je ne le trouve pas. J'écris un mail dans le champ de contact et je lance ma bouteille à la mer. Têtue, je continue à chercher et je trouve les conditions d'annulation. Je les lis et... zéro remboursement. Je fais inexorablement partie de la catégorie des non remboursables, c'est on ne peut plus clair.

Je suis furax. J'éteins tout et décide de remettre la question à demain matin, mais je rumine. Je suis complètement scindée en deux. J'ai une grosse colère contre les moulins à vent modernes: le système financier, les contrats plein de précisions en petites lettres qu'on ne lit jamais, la déception, la colère, le regret, la honte d'être si bête d'avoir oublié mes cartes de crédit sur ce foutuuuuu scan!!! Tout y passe, je m'en veux! Une autre partie de moi, qui prend lentement la priorité, n'a aucune envie de se laisser assombrir par ce problème. Je m'en fous. Pas remboursée? Et alors? La vie est belle, pas envie de penser, pas envie de ressentir ces émotions négatives. J'ai froid, soudainement. L'air est très humide et je n'ai qu'un drap. Pas de couverture dans l'armoire. J'enfile un legging, des chaussettes et une laine polaire et je finis par m'endormir, un peu chiffonnée quand même.

Je me réveille tôt dimanche matin et repense à mon problème. Je décide résolument que ce n'en est pas un. Je vais faire du neuf. On va dire que c'est pas grave, c'est juste de l'argent. C'est le jeu, ma pauvre Lucette: tu achètes des billets low cost, tu réserves une voiture via un site discount, les règles sont qu'en cas de quoi que ce soit, personne ne se fatigue à te rembourser. C'est écrit, j'ai cliqué sur "accepter" même sans tout lire, je n'ai plus qu'à faire avec. Pas la peine de faire une dépression.

J'ai à peine pensé cela qu'une vraie sérénité m'envahit. Il me reste un tout petit malaise qui dit que «c'est gaspillé» et c'est à ce moment-là que Mary Beth sort de sa chambre et que je lui donne la nouvelle. Elle me lance :

— Yeah? So what? Combien d'argent as-tu déjà gaspillé dans ta vie, qu'est-ce qu'une fois de plus?

J'éclate de rire. Seigneur, elle a raison! Je débusque alors une vieille programmation inconsciente et bien judéo-chrétienne: gaspiller c'est mal et si tu gaspilles, en plus, tu seras punie et privée d'argent. 
Argh. Mise en conscience, voilà une croyance-poubelle de plus. Non, je n'en veux décidément pas. Je la ferme virtuellement et la place dans le camion-poubelle. Je remplace par «cet argent va me revenir, et en double», j'ajoute juste pour le fun. Le cas est donc clos, en avant vers la suite des vacances!

Vu les circonstances d'hier, pas grand chose à manger ce matin à la maison, tous les magasins étant fermés à notre arrivée. Il y a tout de même du café et trois natas — délicieuse pâtisserie portugaise — achetés à l'aéroport avant de partir. Nous traînons un moment sur la terrasse face à l'océan et nous perdons dans nos passionnantes conversations.







Après la douche, nous allons marcher sur la promenade le long de la plage. Nous prenons un lunch bienvenu à la terrasse d'un petit restaurant sur la plage. Un burger maison copieux et savoureux. La vie est belle!









Après quelques courses au petit supermarché ouvert le dimanche, nous rentrons car une sieste nous appelle. Ce sont deux heures et demie d'un bon sommeil réparateur qui viennent achever de me mettre l'humeur à son meilleur niveau.

On va avec le flot. C'est l'estomac qui décide de l'heure de manger et l'air du temps qui nous fait dicte nos désirs. Nous soupons vers 20h30. Tomates, un excellent fromage local, pain, beurre. Puis une promenade sur la plage après le coucher du soleil. La marée est haute, le flux et le reflux est hypnotique. Ça sent bon le sel de la mer.

Qu'est-ce qu'on disait, déjà ? La vie est belle!











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Voyages en tous genres d'une citoyenne temporaire de la planète Terre. Commentaires bienvenus, mieux encore s'ils ne sont pas anonymes.